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30 juin 2024 7 h 09 min

Monde Renseignement Circonspect: Intentions du RN

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Dans le domaine du renseignement, qui se voit comme la première ligne de défense contre les menaces nationales, les propositions récentes du Rassemblement national (RN) visant à interdire l’accès des binationaux aux postes de ce secteur ont suscité une certaine réserve. Selon les informateurs du Monde, une telle doctrine va à l’encontre de l’efficacité et du pragmatisme requis, en particulier dans la lutte contre le terrorisme. De plus, la proposition semble témoigner d’une incompréhension quant à la nature du travail de renseignement, car la double nationalité n’est pas source de déloyauté. Même si elle pourrait constituer un point de vulnérabilité pour les agents concernés, les services secrets sont en mesure de gérer cette question depuis longtemps.

Au cours des élections législatives, peu d’agents du renseignement ont choisi de s’exprimer à cet égard, y compris ceux qui ont pris leur retraite, en raison des conséquences potentiellement négatives sur le plan professionnel. Néanmoins, Olivier Mas, ancien officier de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) avec quinze ans d’expérience et actuellement animateur d’une chaîne YouTube sur le renseignement, a exprimé son opinion. Selon lui, cette mesure est « totalement absurde et contre-productive », car elle pourrait affaiblir la France face au terrorisme. Il soutient qu’au début des années 2000, lors de l’émergence des attentats d’Al-Qaida en Europe, la DGSE a intentionnellement recruté de nombreux Français d’origine maghrébine pour lutter contre le terrorisme et infiltrer les groupes terroristes. Il est important de noter que de nombreux cas peuvent impliquer des citoyens binationaux.

Il n’est pas inhabituel de trouver des traducteurs qui sont des citoyens doubles. Un ancien directeur des services de renseignement, en fonction lors des attentats terroristes survenus en France en 2015 et 2016, souligne que les processus d’autorisation existent pour éviter tout risque associé à la double nationalité. « C’est du cas par cas, nous examinons et traquons tous les points de faiblesse potentiels et évaluons le rapport bénéfice / risque. La double nationalité est l’un des nombreux facteurs, plus le candidat provient d’un pays à risque, comme la Russie, la Chine, la Tchétchénie, l’Algérie ou l’Iran, plus il est susceptible d’être soumis à des pressions si sa famille y réside toujours. Même s’il est digne de confiance et qualifié, nous ne l’embaucherons pas. » Si un agent à double nationalité était envoyé dans le pays d’origine de sa famille et qu’il était arrêté, il ne pourrait pas avoir droit à la protection consulaire réservée aux citoyens français.
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