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30 juin 2024 10 h 11 min

« Loi russe ‘agents de l’étranger’ critiquée »

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La Géorgie a instauré une chasse à ceux appelés les « agents de l’étranger ». Promulguée le 3 juin, une loi controversée sur l’influence étrangère s’est imposée malgré l’opposition de centaines de milliers de protestataires. Ce texte, qui s’inspire d’une loi russe de 2012, exige que toute organisation qui reçoit plus de 20% de ses fonds de l’étranger se déclare comme « représentant les intérêts d’une puissance étrangère ». Prétendant maintenir la « transparence », cette loi ambitionne de faire taire la société civile et les médias indépendants dans cet ancien pays soviétique du Caucase, reproduisant ainsi ce qui s’est passé en Russie.

Cette législation illustre le tournant autoritaire entrepris par la Géorgie ainsi que son réalignement géopolitique. Parti pro-occidental depuis 2003, le pays s’éloigne actuellement de l’Europe et se rapproche de la Russie, malgré l’occupation de 20% de son territoire par des troupes russes depuis le conflit de 2008 avec Moscou. L’Union Européenne (UE), qui a attribué le statut de candidat officiel à la Géorgie en décembre 2023, pousse Tbilissi à abroger la loi. Lors du sommet européen à Bruxelles les 27 et 28 juin, les Vingt-Sept ont condamné ce « pas en arrière » qui « met de facto un terme au processus d’adhésion ».

La Géorgie n’est pas le seul pays ayant adopté cette législation. Parallèlement, le Kirghizistan, une autre ancienne république soviétique, les autorités séparatistes prorusses d’Abkhazie en Géorgie, la Hongrie et la Slovaquie ont également adopté ou tentent de mettre en place des lois similaires, toutes inspirées par la loi russe sur les « agents de l’étranger ».

Selon Tomi Huhtanen, directeur exécutif du Wilfried Martens Centre for European Studies, centre de pensée du Parti populaire européen, des initiatives législatives similaires ont été suggérées aussi bien en Serbie qu’en Bosnie-Herzégovine, dans l’entité séparatiste serbe alignée sur la Russie. Parue le 31 mai dans une note, cette déclaration oriente vers une stratégie plus vaste. Promouvoir les lois concernant les agents étrangers via ses représentants et alliés idéologiques, la Russie s’efforce de déstabiliser la société civile, de diminuer l’influence occidentale et de minimiser l’appui aux mouvements démocratiques dans ces régions, prévient l’analyste.

La Commission sur la sécurité et la coopération en Europe, une agence américaine dévouée aux droits de l’homme, située à Washington, a organisé une réunion d’information le 20 juin pour discuter de l’accroissement de lois sur les agents étrangers adoptant la méthode russe. Elle a souligné que ces lois sont souvent utilisées comme un moyen autoritaire pour opprimer la société civile et s’attaquent généralement aux ONG soutenues par les États-Unis et l’Europe, les accusant d’encourager des « valeurs étrangères. »

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