Alors que le drapeau arc-en-ciel fait face à une éventuelle suppression dans différents États républicains, il est fièrement hissé à San Francisco. Cette ville, souvent considérée comme le bastion des droits des homosexuels, prouve plus que jamais cette réputation. Que ce soit dans le quartier de Castro, à l’embarcadère, dans la mairie ou les grands magasins, le symbole LGBT+ est omniprésent, en dépit des intentions des politiciens de Floride, de l’Ohio et du Tennessee qui aspirent à le bannir des bâtiments officiels et des écoles depuis le début de 2024. « En réaction à toute cette haine exprimée récemment », commente Suzanne Ford, la directrice générale de la Pride de San Francisco.
La Pride de San Francisco, initialement appelée Gay Freedom Day à sa création en 1970, est devenue l’une des manifestations les plus significatives à l’échelle mondiale pour la communauté LGBT+. Dans cette ville californienne, qui a célébré le premier mariage homosexuel en février 2004, l’événement ne se résume pas à une seule « marche des fiertés ». C’est un festival complet d’un mois durant lequel se tiennent de nombreuses célébrations, dialogues, performances, complétées par un tournoi de golf visant à promouvoir la diversité dans un sport traditionnellement « cisgenre », d’après les organisateurs.
Lors de la seconde édition de cette année, un sommet mondial des droits de l’homme a également été organisé. La conférence a fait écho aux peurs des activistes étrangers, tels que Nicolas Rodriguez du Salvador, qui a été ciblé par des campagnes haineuses. Rodriguez a partagé que l’organisation de la Pride était la tâche la plus ardue en 27 ans. Natalie Thompson, coprésidente de l’organisme InterPride, qui sert de lien entre les mouvements nationaux, a exprimé sa crainte des retombées de l’élection présidentielle américaine de novembre, qui aurait un impact mondial. « On a l’impression d’avancer, mais on réalise qu’on est poussé en arrière, voire plus loin, » a-t-elle dit.
Elle ajoute que tout est attaqué notre système de santé, nos arts, notre histoire. Dans les États républicains, il y a une hésitation croissante des entreprises à soutenir publiquement la Pride, craignant des appels au boycott ou des réactions négatives de la clientèle, comme ce fut le cas du supermarché Target, qui a choisi en 2023 de retirer les produits « rainbow » de ses rayons. À l’opposé, à San Francisco, la participation des responsables politiques, des institutions et des médias est une évidence. L’événement ne manque pas de sponsors, des compagnies aériennes aux laboratoires pharmaceutiques et chaînes de télévision.
Les drag-queens sont invitées à se produire dans les magasins ou à faire des spectacles « pop up » dans la rue. Suzanne Ford espère que ces représentations donneront de l’espoir aux jeunes homosexuels qui se sentent isolés, comme elle l’a été lorsqu’elle vivait au Kentucky. Ford a déménagé il y a dix ans pour commencer sa transition de genre, à l’âge de plus de 40 ans.
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