C’est un extrait de notre lettre d’informations hebdomadaire intitulée « Darons Daronnes », consacrée à la parentalité, qui est envoyée tous les mercredis à 18h. Pour vous y abonner gratuitement, vous pouvez vous inscrire ici.
Il y a deux jours, ma plus jeune fille, âgée de 6 ans, m’a fait part de sa philosophie religieuse. Sa décision est de croire en Dieu de manière intermittente, afin de s’assurer une place au ciel si nécessaire (en appliquant ainsi le pari de Pascal sans le réaliser). « De plus, je prononcerai régulièrement des petites phrases pour flatter Dieu, comme “bismillah” ! », a-t-elle ajoutée. Lors du dîner, j’ai partagé cela avec mon partenaire, et ma fille aînée, âgée de 9 ans, a réagi : « Mais, au fait, qu’est-ce que “bismillah” signifie ? » Ma plus jeune a alors expliqué que « bismillah » signifie « au nom de Dieu » en arabe, et heureusement pour nous, car ni mon compagnon ni moi ne le savions.
Elle discute fréquemment de la traduction avec son « gang », ses trois amis inséparables, tous français et musulmans, mais d’origines diverses (Tunisie, Côte d’Ivoire et Sénégal). Dans cette école de quartier de Paris, les cultures se mêlent. Il y a un tableau à l’entrée avec le mot « école » inscrit en 27 langues. Hier, il y avait un spectacle au centre de loisirs. Entre deux éloges enflammés à nos athlètes courageux, les enfants ont dansé sur Tro lai pho cu, de la chanteuse américano-vietnamienne Nhu Quynh, et ont chanté en lingala une chanson congolaise.
Au lendemain d’une représentation, tout en dégustant un samoussa et une brochette tomate-mozzarella, j’étais en pleine conversation avec la mère de l’une des meilleures amies de ma plus jeune. Tout de suite, elle a commencé à exprimer ses remords. Cette jeune femme, dont les parents sont originaires du Sénégal et qui vivent en France depuis un demi-siècle, est incapable de transmettre sa langue maternelle, le wolof, à ses enfants car elle n’est pas en mesure de le parler correctement. Étonnamment, ses parents ne lui ont parlé qu’en wolof à la maison, mais elle a toujours répondu uniquement en français. Elle peut parfaitement comprendre le wolof, mais a du mal à le parler. « Ma fille de 17 ans le parle mieux que moi », avoue-t-elle, « parce que son père lui a appris. Mais mes deux plus jeunes filles sont dans la même situation que moi et cela me rend triste. » Elle aimerait qu’elles aillent une fois par an au Sénégal pour apprendre la langue. Cependant, pour l’instant, elle se focalise sur l’apprentissage de l’arabe avec un tuteur privé. « Nous sommes croyantes et pratiquantes », me confie-t-elle. « Je pense qu’il est inutile de faire réciter à mes filles des versets coraniques qu’elles ne comprennent pas. Et c’est pareil pour moi : lorsque je prie, je suis obligée d’avoir une traduction en français! »
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