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« Purge du pouvoir en Slovaquie »

La petite table, blottie dans un coin tranquille de l’immense hall de la RTVS, la radio publique slovaque se distingue sous l’imposante structure inverse de style communiste nichée au centre de Bratislava. Un ruban blanc avec l’inscription « derniers adieux », une bougie solitaire et une rose rouge se trouvent sur la table. « Soutenons la RTVS que nous connaissons en portant ce ruban », invite une note attachée à ce simple autel, symbole de la disparition de l’indépendance de la Radio-Télévision slovaque.

Kristina Chrenkova, 35 ans, journaliste en affaires internationales depuis une décennie, exprime son pessimisme. « Il faut bien avouer que l’avenir de notre organisation semble scellé », confesse avec une expression mélancolique cette grande femme brune portant des lunettes.

L’adoption récente de la réforme des médias publics slovaques par la majorité nationaliste-populiste du Premier ministre Robert Fico ne laisse que quelques jours avant son entrée en vigueur, prévue pour le lundi 1er juillet.

L’actuel directeur, sur le point d’être démis, est déjà entrain de préparer ses affaires pour partir. Un nouveau directeur sera désigné par un comité dirigé par le gouvernement. Mme Chrenkova, tient toujours les pancartes faites en carton qui déclarent « médias libres = pays heureux », vestiges des manifestations récentes, mais n’a que peu d’espoir.

« Certaines personnes ont déjà quitté l’entreprise, mais moi, je n’ai pas de rechange », avoue cette figure du mouvement, qui a remarqué que certains membres de la majorité ont déjà laissé entendre qu’ils souhaitaient se débarrasser de certains journalistes. « Même en Hongrie, Orban n’a pas agi aussi rapidement ».

Une ambiance de purge généralisée règne.

Dans ce pays européen de 5,5 millions de personnes, les institutions tombent successivement à un rythme effréné sous l’assaut du pouvoir en place. Que ce soit dans les médias publics et privés, les ministères, les musées, le système judiciaire ou la police, ceux qui posent problème sont licenciés par lots, créant un environnement de purges massives qui a radicalement transformé le pays en juste neuf mois.

Robert Fico, 59 ans, un ancien communiste qui est passé par le social-démocratie pour finalement devenir nationaliste, est revenu au pouvoir en octobre 2023. Après avoir risqué l’emprisonnement pour une affaire de corruption qui a finalement été abandonnée, il a passé trois ans dans l’opposition. À présent au pouvoir, il dirige une campagne de représailles majeure contre une partie significative des élites de son pays, cela avec le soutien de ses partenaires de coalition du Parti national slovaque (SNS), un parti d’extrême droite prorusse et conspirationniste.

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