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« Législatives 2024: La France confrontée à des dangers cauchemardesques »

Six mois auparavant, la Pologne a surmonté la phase la plus ténébreuse depuis la fin du communisme, caractérisée par la démantèlement de la démocratie, le mépris du droit, la contrôle des médias, la déshumanisation des personnes LGBT+, un climat de haine autorisé, l’inféodation du pays aux oligarques et un nationalisme exacerbé. Cette époque critique a persisté pendant huit années interminables.

Durant cette phase, le soutien inconditionnel des démocrates français et européens envers les démocrates polonais a été vital. Nous leur en sommes profondément reconnaissants. Fortifiés par cette épreuve, nous sommes plus conscients des menaces effrayantes auxquelles la France est maintenant exposée.

Nous tenons à partager notre expérience des gouvernements national-populistiques, leurs conséquences et la difficulté d’en émerger. Bien que les expériences ne soient pas interchangeables et que les comparaisons ne justifient pas la logique, il est impératif d’écouter les vécus des citoyens d’un pays ayant enduré un gouvernement national-populiste et anti-européen, avant de voter pour l’extrême droite ou gauche.

Lésions Nationales

Le commencement fut subtil et insidieux. Au cours de la campagne électorale de 2015, le parti Droit et Justice (PiS) dirigé par Jaroslaw Kaczynski promettait un « changement bénéfique », des avantages sociaux, et la « redistribution de la dignité ». Par la suite, le parti a cultivé la peur des migrants, perçus comme porteurs de maladies, de germes et de parasites, en résistant fermement aux quotas de relocalisation des réfugiés proposés par l’UE suite à l’afflux de migrants syriens en 2015.

La situation a atteint des sommets lorsque Kaczynski a accusé l’ancien Premier ministre, Donald Tusk, d’être sous l’influence de l’Allemagne, de la France et de Bruxelles, lesquels, selon lui, ne feraient que compromettre notre indépendance. Il a prétendu que la Pologne était en pleine décadence et qu’elle était devenue une « possession privée de Berlin ». Son parti politique a cherché à exploiter notre fierté et nos blessures nationales. Il a tenté de compenser le sentiment d’infériorité par un complexe de supériorité, exigeant de l’Allemagne des dédommagements de guerre.

Cependant, il semblait que la population en avait assez du gouvernement libéral de Tusk. Elle aspirait à du changement, se montrant ouverte à la notion d’alternance. Les gens disaient : « Ceux-là ont déjà été au pouvoir, donnons une chance aux autres. Quel est le risque ? »

Anticipant le pire, nous avons rédigé en octobre 2015, juste avant les élections législatives, un éditorial dans le Gazeta Wyborcza intitulé : « La démocratie est en jeu dans ces élections ». Nous soulignions qu’il ne s’agirait pas d’un simple changement respectant les normes démocratiques, mais d’une offensive contre ces mêmes normes. Presque personne ne nous croyait. On nous a ridiculisé, accusé d’hystérie, d’inciter à une panique anti-PiS. Nous avons vu que nos paroles ne trouvaient pas d’écho. Nous aurions aimé avoir tort, mais malheureusement, nos prédictions ont été confirmées.

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