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29 juin 2024 17 h 06 min

« Guerre Ukraine: Kiev anticipe coupures électricité »

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Voici les animateurs de notre direct : Marie Pouzadoux, Anna Villechenon, Cécile Bouanchaud, Dorian Jullien, Charlotte Herzog et Solène L’Hénoret. Pour obtenir une couverture complète sur le conflit en Ukraine, consultez tous nos articles, rapports et analyses. Les sujets abordés par Le Monde comprennent la russification et l’endoctrinement des écoliers dans les régions occupées de l’Ukraine, les collaborations délicates entre les industries militaires ukrainiennes et européennes, ainsi que les forces et faiblesses de l’industrie de défense ukrainienne présentées au salon Eurosatory.

D’autres sujets ont trait à l’intention de la Corée du Sud de fournir des armes à l’Ukraine, à la manière dont la Russie dissimule ses opérations d’espionnage derrière des navires commerciaux dans la mer du Nord, et au rôle croissant des femmes dans l’économie ukrainienne en raison de la guerre. Nous vous fournirons également des réponses à vos questions les plus courantes.

Concernant l’utilisation des drones par Moscou et Kiev, la « guerre des drones » entre la Russie et l’Ukraine a connu un essor sans précédent ces derniers mois. D’après un rapport publié en mai 2023 par un groupe de réflexion britannique spécialisé dans la défense, les Ukrainiens perdaient environ 10 000 drones par mois sur le front, soit plus de 300 par jour, contre un peu plus de 3 000 drones disponibles pour l’armée française.

Tant les Ukrainiens que les Russes emploient principalement de petits drones civils à bon marché et en grande quantité. Ces UAV (unmanned aerial vehicle, en anglais) sont utilisés pour observer le champ de bataille, guider les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains sont même modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, bien que moins abondants, jouent tout de même un rôle crucial. Ils sont équipés d’une charge explosive et déployés au-dessus de la ligne de front sans but précis. La Russie utilise le drone Lancet-3, de leur conception, ainsi que le Shahed-136, fabriqué en Iran. N’ayant pas une force navale digne de mention, l’Ukraine répond en utilisant des vaisseaux maritimes non-militaires, des kayaks miniatures chargés d’explosifs et contrôlés à distance (portant 450 kilos de TNT).

La question des drones est de grande importance pour les opérations ukrainiennes et russes, et ils ont structuré leur approvisionnement pour leur armée à long terme, en acquisant en masse des drones civils et en établissant des capacités de production internes. En effet, l’industrie nationale ukrainienne, qui a connu un début balbutiant il y a une dizaine d’années lors du commencement de la guerre du Donbass, a depuis renforcé sa production. Par exemple, l’Ukraine a récemment annoncé la mise en place d’une réplique du drone russe Lancet au mois d’août dernier. Ce drone sera bientôt lancé sous le nom de Peroun, le dieu slave du tonnerre.

La Russie, quant à elle, subit les sanctions occidentales qui limitent son approvisionnement en composants électroniques. Cependant, selon le renseignement américain, Moscou aurait commencé la construction d’une usine dans la zone spéciale économique d’Alabouga pour produire des drones-kamikazes conçus d’après les modèles iraniens, tel que le Shahed-136.

En ce qui concerne l’arsenal des missiles russes, son état actuel est inconnu, voire impossible à déterminer. Le service de renseignement ukrainien fait régulièrement des annonces à ce sujet, mais leurs suppositions restent discutables.

D’après Andri Ioussov, en tant que représentant de la direction de renseignement du ministère de la défense (GUR), cité par Liga.net, l’arsenal russe composé de missiles balistiques et de croisière était estimé à 2 300 avant le début du conflit. Au commencement de cette année, il en restait plus de 900. Au recensement du porte-parole, il faut aussi prendre en compte des dizaines de milliers de missiles antiaériens S-300, capables de couvrir une distance de 120 kilomètres, ainsi qu’un volume considérable de S-400, une version plus moderne avec une portée triplée. En août, le chiffre de 585 missiles potentiels à dépasser 500 kilomètres a été proposé par Vadym Skibitsky, adjoint du GUR.

Quant à la production, d’après divers spécialistes, elle atteindrait près d’une centaine de missiles balistiques ou de croisière chaque mois. Le GUR estimait cette production à 115 unités en octobre.

Il semble également que la Russie ait acquis des missiles à courte portée provenant d’Iran et de Corée du Nord, et continue d’en acquérir. Selon Reuters, en se basant sur plusieurs sources iraniennes, 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (300 à 700 kilomètres) auraient été livrés à la Russie depuis janvier, période pendant laquelle un accord a été établi. Le nombre de missiles nord-coréens acquis par la Russie reste inconnu, mais entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, 24 ont été lancés en Ukraine, selon le procureur général, Andriy Kostin. La majorité serait probablement des KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres, d’après l’analyse des experts sur les débris et les trajectoires.

Et en ce qui concerne les avions de chasse F-16 ?

En réponse à une requête à long terme du président ukrainien, en août 2023, les États-Unis ont consenti à la transférence de F-16 à l’Ukraine. Plus de 300 F-16 sont stationnés dans neuf pays européens dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, bien que tous les États qui en possèdent ne puissent pas les transférer immédiatement.

Le président Volodymyr Zelensky avait mentionné que 42 F-16 étaient attendus des alliés occidentaux à Kiev, bien que cette information n’ait pas été vérifiée. Le Danemark a promis de fournir 19 F-16. Les premiers six ne seront pas livrés avant la fin de 2023 et huit autres suivront en 2024 avec cinq autres en 2025, selon la Première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis des F-16, disposent de 42 unités, mais n’ont pas précisé combien ils prévoyaient de transférer.

De plus, les pilotes ukrainiens devront recevoir une formation spécifique pour ces avions de combat américains. Onze pays alliés de Kiev se sont engagés à former les pilotes. Selon l’OTAN, les forces ukrainiennes pourraient être prêtes à utiliser ces avions en combat dès le début de 2024, tandis que d’autres experts estiment que cela pourrait arriver à l’été de la même année. Quelle est la nature exacte du soutien militaire que les alliés apportent à Kiev n’est pas clairement précisé.

Deux ans après le début du conflit massif, on constate une décélération du soutien occidental envers Kiev : les aides récemment engagées marquent un déclin entre août 2023 et janvier 2024 comparé à la même période de l’année précédente, selon le dernier rapport de l’Institut Kiel, sorti en février 2024. Selon les prévisions, cette tendance pourrait se maintenir, le Sénat des États-Unis éprouvant des difficultés à faire approuver de nouvelles aides, et l’Union Européenne (UE) a récemment eu des difficultés à faire passer une aide de 50 milliards le 1er février 2024, en raison du blocage de la Hongrie. Il est à noter que ces deux lots d’aides ne sont pas encore inclus dans le dernier rapport de l’Institut Kiel qui finit en janvier 2024.
Les chiffres de l’institut allemand révèlent que le nombre de donateurs diminue et se recentre autour d’un groupe de pays : les États-Unis, l’Allemagne, les pays nordiques et orientaux de l’Europe, qui s’engagent à fournir un support financier conséquent ainsi que des équipements militaires avancés. En tout, depuis février 2022, les pays qui supportent Kiev se sont engagés à concurrence d’au moins 276 milliards d’euros en matière militaire, financière ou humanitaire.
En termes de montant absolu, les nations les plus riches ont été les plus généreuses. Les États-Unis se distancient nettement en tant que premiers donateurs, avec plus de 75 milliards d’euros d’aide annoncés, dont 46,3 milliards en aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont annoncé aussi bien des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) que des aides groupées provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), soit un total de 158,1 milliards d’euros.

Quand les contributions sont mises en relation avec le produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, les résultats diffèrent. Les États-Unis tombent à la vingtième place (0,32% de leur PIB), loin après des pays limitrophes de l’Ukraine ou des anciennes républiques soviétiques alliées. L’Estonie est en tête en termes d’aides par rapport au PIB avec 3,55 %, suivie du Danemark (2,41 %) et de la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top 5. Les trois pays baltes, tous voisins de la Russie ou de la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.

Concernant le pourcentage du PIB, la France se situe à la vingt-septième place, ayant engagé 0,07% de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09%). L’aide allouée par la France a continuellement diminué depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie : elle était vingt-quatrième en avril 2023 et treizième à l’été 2022.

Quels sont les détails concernant les tensions à la frontière ukraino-polonaise ?

Depuis un certain temps, l’Ukraine et la Pologne font face à des tensions suite aux problèmes de transit de céréales ukrainiennes. Au printemps 2022, des « corridors solidaires » ont été mis en place par la Commission européenne pour faciliter l’exportation et la vente de produits agricoles ukrainiens, exempts de tarifs douaniers, vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Selon la Fondation Farm, qui se penche sur les problématiques agricoles globales, environ 50 % de ces céréales transitent ou finissent leur voyage dans l’Union européenne (UE) depuis le début du conflit. Ces céréales sont proposées à un tarif bien inférieur à celui du blé cultivé en UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

La Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Hongrie ont argumenté que ces céréales perturbent leur marché local et impactent négativement le revenu de leurs agriculteurs. Ces pays ont donc décidé de bloquer unilatéralement leurs importations en avril 2023, un embargo que Bruxelles a consenti à accepter, à condition qu’il n’entrave pas le transit vers d’autres pays et qu’il ne s’étende que sur une période de quatre mois. Toutefois, estimant que l’enjeu sous-jacent n’était pas résolu, la Pologne a choisi de ne pas rouvrir ses frontières aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, malgré les conclusions de Bruxelles affirmant qu’il n’y avait plus de raisons de maintenir l’embargo, à la suite d’analyses indiquant l’absence de déstabilisation des marchés nationaux liée aux céréales.

Les exploitants agricoles de Pologne ont mis en place une obstruction à la frontière polono-ukrainienne pour stopper l’entrée des véhicules ukrainiens sur le sol polonais. Ils revendiquent un « embargo total » sur les marchandises ukrainiennes liées à l’agriculture et l’alimentation. Ils protestent contre l’augmentation drastique de leurs frais de production tandis que leurs entrepôts et silos sont surchargés et les tarifs extrêmement bas. Le dirigeant ukrainien estimait en début d’année 2024 que le blocage de la frontière polonaise était une marque de « l’affaiblissement de la solidarité » envers son pays et a sollicité des négociations avec la Pologne. « Seule la capitale russe se félicite » de ces heurts, a-t-il déclaré, critiquant « l’émergence de slogans clairement pro-Poutine ».

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