Au cours d’un procès qui a eu lieu en août 2020, Dominique Boutonnat a été reconnu coupable d’agression sexuelle sur son filleul par le tribunal correctionnel de Nanterre. Ce verdict a été rendu le vendredi 28 juin, et Boutonnat a été condamné à trois ans de prison, dont un an avec surveillance électronique. Les juges ont aussi ajouté une peine supplémentaire de cinq ans d’inéligibilité.
Lors de l’audience du 14 juin qui a duré dix heures, seules les déclarations de la victime, qui avait 21 ans au moment du crime, étaient jugées « authentiques » par les magistrats. Selon eux, ses affirmations sont « cohérentes » et sont étayées par son comportement, ses révélations, sa posture et sa personnalité.
En revanche, Boutonnat, qui est le président du Centre national du cinéma (CNC), n’a reconnu que des « baisers consentis » au cours d’une nuit fortement alcoolisée. Les juges ont estimé que ses déclarations étaient « irrationnelles » et démontraient son « incapacité à accepter la responsabilité de ses actions ».
Dans leurs conclusions motivant leur décision, les juges réaffirment leur conviction, armés de nombreux adjectifs. Les tentatives de justification de l’accusé, qui s’efforce de « se disculper de toutes actions d’agression sexuelle » en s’identifiant comme « non homosexuel », sont jugées « inaudibles ». Le tribunal note que ces remarques « reflètent une perspective inacceptable, une pulsion sexuelle pouvant naturellement transcender l’orientation généralement reconnue de l’individu ». Le fait que l’accusé ait refusé de se soumettre à « toute mesure d’expertise pour empêcher sa vie privée d’être exposée dans les médias » est jugé « hautement discutable ». Il est clairement identifié comme « dégradant et humiliant » la suggestion faite que le jeune homme, qui lui avait admis son homosexualité, « était amoureux de lui ».
« Ses justifications ne sont pas cohérentes »
Les juges trouvent également accablant l’acharnement de Dominique Boutonnat à demander à son filleul de ne rien divulguer, ce qui, selon eux, démontre la « nature malsaine et contraignante de ces événements ». « Rien dans le comportement de Dominique Boutonnat n’apporte de crédibilité à sa version des faits, ne serait-ce parce que ses justifications ne sont pas cohérentes », conclut la motivation de la décision.
Pour justifier la sentence, qui est plus stricte que les trois années de prison avec sursis demandées par le procureur à l’audience, les juges renforcent leur discours : « Un simple avertissement ne peut suffire car la dignité d’une personne a été violée dans un contexte de domination, et avec une conviction apparente que son statut d’ami proche et parrain infaillible de la famille pourrait lui permettre d’échapper à la justice. » Ils ajoutent : « Il s’agit de violations sexuelles extrêmement graves, commises par le parrain de la victime à qui il faisait non seulement confiance, mais pour qui il avait une forte appréciation et admiration, clairement perceptible dans ses paroles, ce qui rend le traumatisme incontestablement plus [grave] ».
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