Le ministère de la justice a confirmé à l’Agence France-Presse (AFP) que la voisine d’une infirmière noire qui a été victime d’insultes racistes capturées sur vidéo lors d’une séquence de l’émission « Envoyé spécial » sur France 2 a été suspendue de ses fonctions au tribunal de Montargis (Loiret). Cette information a été initialement rapportée par BFM-TV.
Eric Dupond-Moretti a révélé samedi dernier qu’il avait demandé un rapport pour la suspension de cette femme suite à la diffusion de ce reportage la semaine dernière. Dans ce reportage, on aperçoit un couple blanc adepte du Rassemblement National (RN) véhément à l’égard de leur voisine Divine Kinkela, une infirmière noire. Kinkela a confié être fréquemment victime d’altercations verbales avec le couple, y compris des cris imitant des singes.
La chancellerie a soutenu que la suspension de la voisine qui travaille au tribunal a été motivée par l’enquête pénale pour insultes publiques et privées raciales, incitation à la discrimination et violences raciales sans incapacité, et l’atteinte à l’image du ministère de la justice, qualifiée par la gravité des propos proférés.
Dans un extrait de l’émission, Mme Kinkela, qui vit en France depuis trente ans, est la cible d’insultes de la part du couple voisin. L’homme reproche à « tous les Mustapha et ceux que vous voulez » de « ne pas respecter les traditions françaises ».
Ensuite, sa partenaire, dont le visage est masqué, s’en prend à l’infirmière qui sort de sa maison. « Te voilà encore, toi ? On t’a invitée ? Non ! Tu dégages ! J’ai quitté les HLM à cause de gens comme toi », dit-elle. Puis elle ajoute: « On fait ce qu’on veut, on est chez nous. Va à la niche! »
Divine Kinkela a exprimé à la presse vendredi son obligation de dénoncer le racisme. Après avoir reçu un grand nombre de retours et de soutiens, une procédure a été initiée par le procureur de Montargis suite à la diffusion de Envoyé spécial. Frank Berton, l’avocat de Mme Kinkela, a informé Le Monde que trois plaintes contre un couple de voisins avaient été soumises vendredi.
Les deux premières plaintes ont été déposées auprès du doyen des juges d’instruction, lui permettant de décider de lancer une enquête judiciaire. L’une est pour insulte publique et l’autre pour incitation à la haine raciale sous le cadre de la loi sur la liberté de la presse. Une troisième plainte a été soumise au procureur de Montargis pour harcèlement, violence psychologique et incitation non publique à la haine raciale, liée aux commentaires des deux individus mentionnés par Divine Kinkela mais qui n’ont pas été divulgués dans le programme.
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