La communauté LGBT+ commence à montrer un soutien notable pour le Rassemblement national (RN), en dépit de son passé taché par l’homophobie et du fait que le parti d’extrême droite ne défend pas activement leurs droits, voire y est contre. Mickaël Durand, un post-doctorant en sociologie politique qui se spécialise dans les questions de genre et de sexualité à l’Institut national d’études démographiques, a décrit ce phénomène dans son livre intitulé « Des triangles roses dans les urnes ? Le rôle de l’homosexualité dans le rapport individuel à la politique et au vote » (Politix, 2023). Durand note que ceux de la communauté LGBT+ qui soutiennent le RN ont tendance à considérer leur sexualité comme secondaire par rapport à d’autres identités sociales. Cependant, il a observé que les idées de l’extrême droite sont moins attrayantes pour les lesbiennes, qui sont généralement plus politisées à gauche, que pour les gays. Il soulève également des questions intéressantes sur l’évolution des attitudes du parti, initialement connu sous le nom de Front National (FN) sous la direction de Jean-Marie Le Pen (1972-2011), depuis sa transformation en RN en 2018 et avec l’arrivée de Marine Le Pen et Jordan Bardella.
Historiquement, le Front National (FN) est constitué sur un ensemble de préjugés et de discriminations, favorisant l’hétérosexualité et considérant l’homosexualité comme moins normale et morale. Cet hétérosexisme contribue à perpétuer les inégalités entre les différentes orientations sexuelles. Sous la gouvernance de Jean-Marie Le Pen, l’homophobie était façade ; rappelons ses propos en 1984, où il qualifiait l’homosexualité d’« anomalie biologique et sociale », et en 1987, avec ses remarques sur les personnes atteintes du SIDA compromettant « l’équilibre de la nation ». Aussi, en 1995, il approuvait l’existence des homosexuels au sein du FN, excluant toutefois ceux qu’il qualifiait de « folles ».
Cependant, avec la prise de position de Marine Le Pen, le parti a connu une évolution : le Rassemblement National (RN), tout en améliorant son image et en niant son homophobie, reste fondamentalement hétérosexiste. Désormais, le RN ne conteste plus les droits acquis, malgré les déclarations initiales de Marine Le Pen de vouloir annuler le mariage pour tous ; cependant, elle a fini par confirmer qu’elle n’y renoncerait plus. Pour autant, le RN ne défend pas non plus l’obtention de nouveaux droits, se mettant en opposition à l’assistance médicale à la procréation pour tous et rejetant une résolution faisant de l’Union européenne une « zone de liberté LGBTIQ ».
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