Selon les projections jusqu’en 2100, le réchauffement climatique ne se traduira pas seulement par une augmentation des températures, mais également par une transformation des cycles de pluie. Cela induirait une modification des conditions hydrologiques actuelles, avec des rivières asséchées et d’autres subissant des inondations plus fréquentes, partout en France, de la Corse jusqu’au nord du pays. En effet, une équipe composée d’une quarantaine de chercheurs affiliés au programme Explore 2, supervisé par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), a oeuvré pendant trois ans à l’élaboration de scénarios plausibles concernant l’état des ressources en eau pour 4000 bassins versants en métropole jusqu’en 2100, plutôt qu’à formuler des prédictions. Ces scientifiques ont ainsi pu simuler les variations possibles des débits de rivières, des précipitations, des niveaux de recharge en eau et des niveaux des nappes d’eau souterraines.
Eric Sauquet, hydrologue à l’Inrae et coordinateur scientifique d’Explore 2, qui est financé par le ministère de la transition écologique et l’Office français de la biodiversité, exprime que ces informations objectivement élaborées permettent de démontrer la nécessité de repenser la gestion de l’eau tout en prenant en compte une importante incertitude. De ce fait, il est essentiel de ne pas se fonder sur des moyennes, mais de considérer différentes trajectoires possibles. Explore 2 inclut des recherches conduites, entre autres, par Météo France, le Bureau des recherches géologiques et minières, le CNRS, l’Ecole normale supérieure et l’Institut de recherche pour le développement.
Dans le but de transmettre leur connaissance, les auteurs de cette étude significative, qui a été divulguée publiquement le vendredi 28 juin, ont présenté quatre scénarios possibles parmi trente-quatre issus de leurs prévisions. Ils ont délibérément choisi ces scénarios pour leur grande variété et leur représentation de divers degrés de changements climatiques. Cela dit, bien qu’ils présentent des conditions très différentes en ce qui concerne les ressources en eau, ces scénarios mettent en évidence certaines grandes tendances. « Comme on pouvait s’y attendre, les sécheresses estivales devraient s’intensifier et les débits d’étiage diminuer de 40%, tandis que le pourcentage de rivières alimentées en tête de bassin-versant qui s’assèchent à la saison chaude pourrait passer de 15 à 20% aujourd’hui à 25 à 30% à la fin du siècle », dans une majorité de régions. De plus, ces sécheresses devraient commencer plus tôt et durer plus longtemps. Il ne fait aucun doute que l’évaporation va s’accélérer, « de manière relativement uniforme », note la synthèse de l’étude, d’environ 25% d’ici 2100.
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