La population des éléphants de Bornéo, qui ne compte plus qu’environ un millier d’individus à l’état sauvage, est maintenant considérée comme étant en danger d’extinction, selon la dernière mise à jour de la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Pour la première fois, cette sous-espèce d’éléphants asiatiques, elle-même menacée, a fait l’objet d’une évaluation indépendante. Marc Ancrenaz, du groupe de spécialistes de l’éléphant asiatique de l’UICN, explique que l’habitat des éléphants de Bornéo a diminué de plus de moitié au cours des dernières 75 années et que leur nombre a aussi baissé. Il souligne que bien que cette classification n’entraîne pas immédiatement de grands changements, elle envoie un message puissant sur l’importance de protéger cette espèce emblématique de l’extinction.
Ces éléphants, plus petits que leurs cousins d’Asie mais dotés d’oreilles plus grandes et d’une queue plus longue, vivent principalement à Sabah, une région malaisienne. Néanmoins, leur présence sur cette île, la troisième plus grande du monde, reste un mystère. Ont-ils migré durant le pléistocène, quand un pont de terre reliait encore l’île au continent, ou ont-ils été amenés par l’homme ? Les chercheurs n’ont pas encore résolu cette énigme.
Il est indéniable que la déforestation au bénéfice des activités agricoles, en particulier pour l’huile de palme, a affecté de manière significative la population pendant les années 1990 et 2000. Marc Ancrenaz, qui vit depuis un quart de siècle en Malaisie et est le directeur scientifique de l’ONG Hutan, note que bien que la déforestation à Sabah soit aujourd’hui presque inexistante, l’habitat demeure extrêmement fragmenté. En conséquence, les éléphants doivent traverser des territoires humains pour se déplacer d’une forêt à une autre.
Éduquer les villageois
En plus du braconnage, qui est également une source de stress, les experts estiment que l’enjeu clé pour la survie de l’espèce est une coexistence pacifique entre les éléphants et les humains. Cette question est une problématique internationale que l’on retrouve dans de nombreux endroits du monde. Pour contribuer à résoudre ce problème à Bornéo, les spécialistes mettent l’accent sur l’éducation des villageois et des agriculteurs afin de leur enseigner comment réagir face à ces animaux. Ils préconisent aussi la redéfinition des paysages, par exemple, en créant des corridors forestiers afin de faciliter le déplacement des éléphants.
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