Oleksandr Matsiouk conduisait la voiture à travers le quartier résidentiel de Sykhiv à Lviv, illuminé par le soleil, tandis que Serhiy Furman, son copilote, scrutait attentivement le mouvement des citoyens. C’était un mercredi de juin, juste après 10 heures du matin, et ils venaient de commencer l’une de leurs patrouilles journalières après avoir quitté le centre de recrutement. Leur mission quotidienne consiste à intercepter des citoyens pour vérifier leurs documents militaires.
Les inspections se produisent à un rythme soutenu. Un simple regard ou un signe de tête suffit pour que le conducteur tourne rapidement le volant, et que lui et son partenaire sortent du véhicule pour arrêter un passant. Ils arrêtent des hommes selon des critères très précis : ils doivent être en bonne santé, avoir entre 25 et 60 ans, l’âge légal pour être mobilisé dans l’armée. Certains tentent de changer de cap en apercevant les deux employés du centre de recrutement. Oleksandr Matsiouk ne manque jamais un tel comportement. Il avait averti avec un sourire cynique avant de partir en patrouille : « Quand nous passons, les rues deviennent désertes et les gens se cachent. »
Andriy, un civil qui a été repéré près d’un arrêt de bus, s’est vu arrêté en chemin vers son emploi par deux hommes. En tant qu’officier de réserve, diplômé d’une académie militaire en 2015, il aurait dû actualiser ses papiers, ce qu’il a négligé de faire. Oleksandr Matisouk et son partenaire l’ont alors invité à se joindre à eux dans leur voiture. Malgré sa résistance initiale concernant ses droits, en disant « Je sais que vous allez me conscrire, comme cela est arrivé à tous mes amis », Andriy a finalement rejoint les deux hommes après de longues discussions. Il sera examiné par une commission médicale pour évaluer sa capacité à porter les armes, comme tous les autres civils interceptés.
« C’est une honte pour elles », commente les deux recruteurs quand ils aperçoivent un homme athlétique dans la trentaine, qui change soudainement de direction. Serhiy Furman est prêt à l’intercepter mais l’homme réussit à s’échapper en courant, à travers une zone piétonne. Oleksandr Matsiouk, qui travaille pour le centre de recrutement depuis un an après avoir servi dans une unité de défense territoriale lors de l’invasion russe en février 2022, déclare : « C’est déconcertant que certains ne réalisent pas que nous risquons de perdre cette guerre si nous ne mobilisons pas nos forces. Nous luttons pour la survie de notre pays ».
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