Le 9 novembre 2023, l’épouse du président ukrainien Volodymyr Zelensky, Olena Zelenska, a inauguré la deuxième expansion de l’Institut ukrainien à l’étranger à la Gaîté-Lyrique à Paris. L’inauguration succède l’ouverture de l’antenne berlinoise en mars. Lors de son discours, Olena Zelenska a souligné le besoin de l’institut pour un abri antiaérien en France, tout en mentionnant l’écho des sirènes d’alerte aérienne qui résonnent dans la culture ukrainienne. Elle s’est remémoré du fait qu’à cause de l’agression russe, Sept cents sites culturels ont été détruits en Ukraine. Cependant, elle a insisté sur le fait que leur culture reste le témoignage de leur existence passée, présente et future.
L’Institut ukrainien, qui a vu le jour en 2018 dans le ministère des Affaires étrangères à Kiev, a pour mission de promouvoir la culture ukrainienne et de forger des liens culturels avec d’autres pays. Il est le produit de l’élan créé par la révolution de Maïdan quatre ans auparavant, et de la nécessité de renforcer la résistance sur tous les fronts. Cela s’est avéré d’autant plus crucial que la Russie annexait alors la Crimée, déstabilisait le Donbass et initiait un affrontement militaire.
Natalya Guzenko Boudier, directrice de sa filiale française, raconte que lorsque la guerre totale a éclaté en 2022, les collègues se sont demandé quelle suite donner à leur travail. Malgré la dispersion de l’équipe, ils ont finalement décidé de continuer. C’est le contexte qui a mené à la décision d’implanter l’institut dans des pays alliés. Le déni de l’identité ukrainienne par Poutine a rendu plus vital que jamais de partager leurs richesses culturelles et les œuvres de leurs artistes et écrivains contemporains.
En fin mai, le portail « Lire l’Ukraine » a été mis en place sur le site web de l’Institut ukrainien en France, pour répondre à un besoin croissant. De nombreux écrivains ukrainiens sont reconnus en France, mais sont-ils bien compris ? Natalya Guzenko Boudier mentionne l’écrivain et essayiste Artem Chapeye, qui a publié dix livres, dont seulement un a été découvert par le public français – « Loin d’ici, près de nulle part » (Bleu et Jaune, 2021) – et son engagement volontaire dans l’armée, raconté dans « Les gens ordinaires ne portent pas de mitraillettes » (Bayard, 2024). Elle évoque également l’écrivaine féministe et philosophe Oksana Zaboujko, « une figure incontournable de notre culture », mais dont seulement un de ses vingt romans, « Explorations sur le terrain du sexe ukrainien » (Intervalles, 2015), est connu des lecteurs français.
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