La semaine dernière, le jeudi 27 juin, la rédaction du magazine hebdomadaire Marianne a voté unanimement contre le rachat de leur périodique par le conservateur catholique riche, Pierre-Edouard Stérin, malgré une acceptation préalable de son offre. Selon le Société des Rédacteurs de Marianne (SRM), ce qui semblait être un engagement idéologique personnel s’est avéré être une initiative partisane, changeant définitivement la nature de la proposition de rachat.
Le SRM a cité des « éléments récents révélés » comme raison principale de ce revirement. Ces révélations font référence à nos informations divulguées mercredi soir concernant les liens entre Pierre-Edouard Stérin et Marine Le Pen ainsi que le Rassemblement national (RN), en passant entre autres par le financier François Durvye. De plus, Stérin avait prévu de soutenir des candidats aux élections législatives sous la marque RN-LR.
Le SRM a donc demandé à Daniel Kretinsky, le propriétaire milliardaire du magazine, et à son représentant Denis Olivennes, de mettre fin aux négociations. Il est jugé nécessaire de rechercher de nouveaux acheteurs capables de préserver l’indépendance éditoriale et la stabilité économique de Marianne. La SRM a également prévenu qu’elle n’avait pas l’intention de renégocier ni de changer son opinion, et qu’elle était prête à utiliser tous les moyens nécessaires pour obtenir satisfaction, y compris la grève.
Il existe d’autres propositions de rachat, mais aucune ne répond aux critères exigés par la rédaction.
Les discussions exclusives entre le groupe CMI de Daniel Kretinsky et Pierre-Edouard Stérin ont commencé en mai. Le 21 juin, l’équipe éditoriale avait choisi à 60,3 % de ne pas s’opposer à l’acquisition, pensant à l’époque qu’ils avaient obtenu des « progrès importants » qui justifiaient de poursuivre les discussions sur « les garantis d’autonomie » suggérées par le nouvel acheteur.
Une proposition pour reprendre Marianne avait déjà été faite par l’entrepreneur Jean-Martial Lefranc, qui a fait ses armes dans l’industrie du jeu vidéo. Mercredi, il a soumis une nouvelle offre de 5 millions d’euros en s’associant à d’autres investisseurs, Philippe Corrot, Henri de Bodinat et Joan Beaufort. Cependant, le communiqué de la SRM indique que « pour le moment, aucune des offres de reprise présentées ne répond aux critères définis par Denis Olivennes lors de sa visite à Marianne ».