Dans la charmante salle paroissiale de Chelsea Old Church, une église anglicane située dans le coeur de l’un des quartiers les plus distingués de Londres, les militants du Parti conservateur affluent, le lundi soir du 24 juin. Parmi eux, des femmes élégamment vêtues, des hommes en costumes, des conseillers municipaux et ministériels, tous attendent calmement l’arrivée de Rishi Sunak, le Premier ministre. Dix jours avant les élections législatives du 4 juillet au Royaume-Uni, le Parti conservateur, au pouvoir depuis 14 ans, reste en retard dans les sondages, accusant un écart de 20 points par rapport aux travaillistes.
Un conseiller notoire de M. Sunak murmure à un collègue qu’ils sont tous en train de faire leurs adieux, se demandant à haute voix ce que serait l’apparence d’un gouvernement travailliste. L’humeur n’est pas seulement morose au sein du camp conservateur, elle frise presque la résignation. Pourtant, Rishi Sunak, ponctuel et exceptionnellement jovial, assure à l’assistance que les conservateurs ont « dix jours pour sauver le Royaume-Uni d’un gouvernement travailliste ». Il les exhorte trois fois à « ne pas céder » et à « lutter pour chaque vote ». Sa seule présence à cette rencontre en soirée à l’ouest de Londres, après une journée éreintante (il était en Écosse le matin et vient de finir une interview avec des lecteurs du Sun), témoigne de l’apparente désespérance de la situation.
Selon l’original, le leader est venu appuyer son Secrétaire d’Etat du commerce, Greg Hands dans la circonscription de Chelsea et Fulham, un territoire historiquement conservateur (bleu), mais qui pourrait être renversé par le Labour (rouge) selon les derniers sondages. La menace travailliste est si grande qu’aucune zone n’est épargnée, y compris les régions du sud de l’Angleterre, traditionnellement à droite. Des figures publiques du parti conservateur comme Penny Mordaunt, leader de la Chambre des communes à Portsmouth North, James Cleverly, ministre de l’intérieur à Braintree, Jeremy Hunt, ministre des finances du Surrey, Grant Shapps, ministre de la défense du Hertfordshire, et Rishi Sunak de Richmond dans le nord du Yorkshire sont tous en danger.
D’après une série de sondages, les conservateurs pourraient affronter une défaite encore plus humiliante que celle de 1997 lorsque le New Labour et Tony Blair ont remporté 418 des 650 sièges de la Chambre des communes. Un sondage réalisé par Survation auprès de 22 000 personnes en mi-juin révèle que les conservateurs ne pourraient garder que 72 sièges (contre 365 en 2019), alors que le Labour pourrait en remporter 456. Les libéraux démocrates et le parti de droite populiste Reform UK pourraient obtenir respectivement 56 et 7 sièges, tandis que les Verts pourraient en avoir 2. Si cela se réalise, ce serait une défaite bien plus dévastatrice que celle de 1906 où les conservateurs n’avaient pu sauver que 156 sièges face à l’ancien parti d’opposition, les libéraux démocrates.
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