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26 juin 2024 12 h 10 min

« Zelensky visite la ligne de front ukrainienne »

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Les animateurs de cette diffusion en direct comprenaient Cécile Bouanchaud, Marie Pouzadoux, Anna Villechenon, Charlotte Herzog et Dorian Jullien. Nous vous invitons à lire tous nos articles, reportages et analyses sur le conflit ukrainien.

Le journal « Le Monde » offre des reportages, des analyses et des éclaircissements sur les événements actuels. Il aborde des sujets tels que la russification et l’endoctrinement des élèves dans les zones ukrainiennes occupées, les collaborations délicates entre les industriels européens et ukrainiens dans le domaine de l’armement, ou les aspects positifs et négatifs de l’industrie de la défense ukrainienne présentés au salon Eurosatory.

D’autres sujets incluent les projets de la Corée du Sud de fournir des armes à l’Ukraine, les activités d’espionnage russes en mer du Nord masquées par des bateaux commerciaux, et le rôle des femmes en Ukraine pour maintenir l’économie en l’absence des hommes.

Nous répondons également à vos questions les plus fréquentes, comme comment Moscou et Kiev utilisent-ils des drones? La guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine a significativement augmenté ces derniers mois. Un rapport récemment publié par un think tank britannique spécialisé en défense révèle qu’environ 10 000 drones ukrainiens sont perdus chaque mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. A titre de comparaison, l’armée française dispose d’un peu plus de 3 000 drones dans son arsenal.

Les drones utilisés par les Ukrainiens et les Russes sont principalement de petits véhicules aériens sans pilote (UAV) d’origine civile, disponibles en grande quantité et à faible coût. Ils sont principalement utilisés pour l’observation du champ de bataille et le guidage des troupes ou des tirs d’artillerie. Certains sont même modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones-suicides, bien que moins nombreux, jouent un rôle primordial dans la guerre. Équipés de charges explosives, ces UAV sont déployés sur le front sans un but prédéfini. La Russie fait usage du drone russe Lancet-3 et du Shahed-136 produit en Iran. En l’absence de véritable force navale, l’Ukraine déconcerte l’adversaire avec des navires sans pilote, de minuscules kayaks télécommandés porteurs d’explosifs (450 kg de TNT).

L’importance accrue des drones pour leurs opérations a poussé les Ukrainiens et les Russes à assurer leur approvisionnement en drones, en achetant en grande quantité des drones civils et en développant leurs propres capacités de production. L’industrie ukrainienne, qui était encore en gestation au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, a depuis considérablement progressé. Fin aout, le ministre ukrainien de la transformation numérique a révélé la conception d’une réplique du drone russe Lancet qui sera prochainement déployée sous le nom de Peroun, le dieu slave de l’éclair et du tonnerre.

La Russie, quant à elle, reste en difficulté à cause des sanctions occidentales qui entravent son accès aux composants électroniques. Cependant, d’après les services de renseignements américains, la Russie aurait entamé la construction d’un site de production situé dans la zone économique d’Alabouga, pour y produire des drones-suicides semblables au Shahed-136 d’Iran.

Le stock de missiles de l’armée russe reste un mystère, car il est presque impossible d’en connaître l’état actuel. Les renseignements ukrainiens fournissent régulièrement des informations à ce sujet, mais leur fiabilité reste discutable.

Andri Ioussov, un représentant de la Direction Générale du Renseignement du Ministère de la Défense (GUR), rapporté par Liga.net, a déclaré que l’armée russe avait en sa possession 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le conflit et qu’il en restait plus de 900 au début de l’année. En addition, le représentant a mentionné que l’arsenal comporte des milliers de missiles S-300 anti-aériens, avec une portée d’environ 120 kilomètres, et un nombre considérable de S-400, une version plus récente avec une portée trois fois plus grande. En août, Vadym Skibitsky, le deuxième responsable du GUR, reportait un total de 585 missiles ayant une portée supérieure à 500 kilomètres.

S’agissant de la capacité de production, celle-ci aurait augmenté pour atteindre une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, d’après quelques experts. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

En dehors de cela, la Russie aurait acquis des missiles de courte portée en Iran et en Corée du Nord et continuerait à en acheter. D’après l’agence de presse Reuters, qui se base sur plusieurs sources iraniennes, 400 missiles iraniens de la famille Fateh-110 (300 à 700 kilomètres) auraient été remis à la Russie depuis janvier, date à laquelle un accord aurait été conclu. Le nombre de missiles acquis de la Corée du Nord reste inconnu, néanmoins, 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, d’après le procureur général, Andriy Kostin. Les experts qui ont examiné les fragments et les trajets suggèrent qu’il s’agit probablement des missiles KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Qu’en est-il des avions de chasse F-16 ?

En réponse à une requête du président ukrainien depuis longtemps, les États-Unis ont approuvé la cession de chasseurs F-16 à l’Ukraine en août 2023. Une éventuelle flotte de plus de 300 F-16 existe dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, entre autres. Cependant, tous ces États ne sont pas capable de transférer ces avions du jour au lendemain.

Volodymyr Zelensky a mentionné que 42 F-16 ont été promis à Kiev par des alliés occidentaux, mais cette information n’a pas été vérifiée. Le Danemark a promis 19 de ces avions. Les six premiers ne seront pas livrés avant la fin 2023, avec huit autres en 2024 et cinq autres en 2025 selon la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas ont également promis des F-16, de leur flotte de 42, sans toutefois indiquer combien ils entendent en céder.

En outre, la formation des pilotes ukrainiens pour ces avions américains doit être effectuée. Onze pays alliés de Kiev se sont engagés à former les pilotes. Selon l’OTAN, les soldats ukrainiens seraient capable d’utiliser ces avions en combat à partir de début 2024, tandis que d’autres experts estiment que ce serait plus près de l’été de la même année.

Quelle est l’assistance militaire fournie à Kiev par ces alliés ?

Deux ans après l’escalade du conflit, l’appui occidental envers Kiev semble perdre de son élan. Le rapport de l’Institut Kiel sorti en février 2024 indique que, comparativement à la même période de l’année précédente, le soutien financier pour la période d’août 2023 à janvier 2024 a diminué. Ce déclin pourrait persister, étant donné que le Sénat américain a du mal à obtenir l’approbation des aides et que l’Union européenne (UE) a également eu du mal à faire accepter une aide de 50 milliards le 1er février 2024, du fait de l’opposition hongroise. Il est à noter que ces deux paquets d’aide ne sont pas encore intégrés dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui ne couvre que jusqu’en janvier 2024.

Le rapport de l’institut allemand révèle que le nombre de donateurs s’amenuise et se rassemble autour d’un groupe principal de pays, dont les États-Unis, l’Allemagne et les pays du Nord et de l’Est de l’Europe, qui s’engagent à fournir une aide financière importante et des armements avancés. Depuis février 2022, les pays qui appuient Kiev se sont engagés à hauteur d’au moins 276 milliards d’euros pour des efforts militaires, financiers et humanitaires.

En termes de valeur pure, ce sont les pays les plus fortunés qui se sont révélés les plus généreux. Les États-Unis sont les donateurs les plus importantes avec plus de 75 milliards d’euros d’aide annoncés, dont 46,3 milliards en aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont proposé à la fois des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides communes provenant des fonds de l’UE (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

En comparant les contributions d’aide à leur produit intérieur brut (PIB) respectif, la hiérarchie des pays donateurs évolue. Les Etats-Unis, par exemple, tombent au vingtième rang, représentant seulement 0,32% de leur PIB, bien derrière certains pays bordant l’Ukraine ou des anciennes nations alliées soviétiques. L’Estonie se distingue en premier lieu en consacrant 3,55% de son PIB à l’aide, suivie par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). La Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%) complètent le top cinq. Ces trois pays baltes, tous limitrophes de la Russie ou de son partenaire, la Biélorussie, sont parmi les plus généreux donateurs depuis le commencement du conflit.

Selon le critère du pourcentage du PIB, la France se situe au vingt-septième rang avec seulement 0,07% de son PIB, juste après la Grèce (0,09%). L’assistance apportée par la France a connu une baisse continue depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France se situait vingt-quatrième en avril 2023 et treizième en été 2022.

Qu’en est-il des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne?

Les tensions se sont intensifiées entre l’Ukraine et la Pologne depuis quelques mois, largement dues au commerce des céréales. Au cœur de ce conflit, la Commission européenne avait institué des « corridors de solidarité » durant le printemps 2022 afin d’appuyer l’évacuation et le commerce de produits agricole ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient, sans avoir à payer de taxes douanières. Selon la Fondation Farm, une organisation centrée sur les problèmes agricoles internationaux, depuis le commencement du conflit, presque 50% des céréales ukrainiennes terminent leur voyage ou transitent par l’Union Européenne. Cependant, ces céréales ont un coût inférieur à celui du blé produit par l’UE, en particulier dans les nations d’Europe centrale.

Par conséquent, des pays tels que la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie avaient bloqué de manière unilatérale leurs imports en Avril 2023 affirmant que ces céréales déstabilisaient leur marché intérieur et frayait le chemin à une réduction des revenus agriculturaux. Cette restriction avait été approuvée par Bruxelles dans la seule condition qu’elle ne dure que quatre mois et ne stoppe pas la distribution vers d’autres pays. Constatant que le problème principal n’était pas résolu, Varsovie décida de maintenir fermée sa frontière aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, alors que Bruxelles soutenait que l’embargo était dénué de raison d’être étant donné ses analyses indiquaient « qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux pour les céréales ».

Depuis quelques temps, la frontière entre l’Ukraine et la Pologne est obstruée par les agriculteurs polonais pour stopper le passage des camions ukrainiens. Ces manifestants réclament la mise en place d’une interdiction totale sur les produits agricoles et alimentaires venant d’Ukraine, conséquence de leurs coûts de production galopants, de la saturation des silos et entrepôts, et de la chute des prix. Face à ce blocus à la frontière polonaise, le président ukrainien, dès le début de 2024, a interpelé sur la « dégradation de la solidarité » envers son pays et a exhorté à entamer des discussions avec la Pologne. De manière acerbe, il a souligné que « seule Moscou est satisfaite » de ces frictions. Il a également critiqué la montée de slogans pro-Poutine manifestes.