Une vaste étendue d’herbe soigneusement coupée en pente nous accueille. À son extrémité, une statue équestre de Robert Bruce, le monarque écossais, est érigée, un immense drapeau écossais déployé à ses pieds. Nous nous trouvons sur le site où s’est déroulée la bataille de Bannockburn, au sud de Stirling. C’est ici qu’en juin 1314, les forces du roi Robert Bruce ont stoppé celles du roi anglais Édouard II. Le 22 juin dernier, comme chaque année, les défenseurs les plus passionnés de l’indépendance écossaise se sont réunis à cet endroit, répondant à l’appel du groupe All Under One Banner (« Tous sous une seule bannière ») pour commémorer cet épisode historique de leur lutte nationale.
Ils ont entamé une procession colorée une heure auparavant (vêtus de kilts et agitant des drapeaux blancs et bleus, symbolisant la nation la plus nordique du Royaume-Uni) depuis le centre de Stirling, et sont maintenant dispersés sur l’ancien champ de bataille, parmi les stands vendant des tee-shirts, des pin’s et des brochures célébrant leur cause.
« Cet endroit est hautement symbolique, il représente le moment où le petit peuple d’Ecosse a repoussé la puissance coloniale. Nous continuons de symboliser ce peuple qui lutte pour l’indépendance, tous les partis réunis », déclare Tony Cox, l’un des organisateurs de l’événement.
Cependant, la poussée indépendantiste semble se calmer.
L’indépendance de l’Écosse a été garantie pendant plusieurs siècles après la bataille de Bannockburn, jusqu’à ce que le traité d’Union de 1707 mette fin à l’autonomie du pays en dissolvant le parlement écossais. Le mouvement pour l’indépendance a refait surface dans les années 1970 et a gagné en importance dans le discours national depuis les années 2010, soutenu principalement par le Parti national écossais (SNP). Bien que le référendum sur l’indépendance de 2014, accepté par le premier ministre britannique de l’époque, David Cameron, ait été une défaite, il a néanmoins recueilli un soutien historique à l’indépendance (45 %).
Le vote britannique pour le Brexit en 2016 a renforcé l’argument des nationalistes pour un second référendum, les Écossais ayant voté à 62 % contre le départ de l’Union européenne. Pourtant, au cours des dix-huit derniers mois, le mouvement indépendantiste a perdu de sa force et le SNP pourrait perdre sa suprématie en Écosse lors des élections parlementaires britanniques du 4 juillet, où 59 des 650 sièges de la Chambre des communes seront attribués aux Écossais. Après le refus de Downing Street d’autoriser un deuxième référendum, et la confirmation par la Cour suprême britannique fin 2022 que le Parlement régional écossais (Holyrood) ne pouvait pas le conduire sans l’approbation de Westminster, le SNP se trouve dans une impasse. Le reste de cet article (75,05 %) est réservé aux abonnés.
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