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26 juin 2024 23 h 09 min

« Première entrevue Russo-Ukrainienne pour échange prisonniers »

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L’animation de ce live a été assurée par Solène L’Hénoret, Cécile Bouanchaud, Marie Pouzadoux, Anna Villechenon, Charlotte Herzog et Dorian Jullien. Consultez tous nos articles, reportages et analyses concernant la guerre en Ukraine. Vous pouvez y découvrir des sujets variés comme la russification et le conditionnement des enfants dans les territoires occupés d’Ukraine, les collaboration complexes entre les industriels européens et ukrainiens dans l’industrie de l’armement ou même l’éventualité pour la Corée du Sud de fournir des armes à l’Ukraine.
Dans d’autres développements, la Russie semble dissimuler ses opérations d’espionnage en mer du Nord en utilisant des navires marchands, et en Ukraine, les femmes prennent le relais des hommes pour assurer l’économie du pays.
L’utilisation de drones par Moscou et Kiev a connu une expansion considérable ces derniers mois. Un rapport publié par un institut de recherche britannique en mai 2023 précise que l’Ukraine perd près de 10 000 drones par mois sur le front, soit plus de 300 par jour. À des fins de comparaison, l’armée française ne dispose que d’environ 3 000 de ces appareils sans pilotes dans son arsenal.
Ukrainiens et Russes emploient principalement de petits UAV (véhicules aériens sans pilote) civils, qui sont à la fois abordables et abondants. Leur fonction principale est d’observer le champ de bataille et de guider les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains sont également modifiés pour transporter de petites charges explosives qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, quoique moins nombreux, jouent un rôle prépondérant en étant équipés de charges explosives et déployés au-dessus des lignes de front sans avoir de cibles définies préalablement. La Russie recours aux drones Lancet-3 de fabrication locale ainsi qu’aux Shahed-136 iraniens. Face à leur manque d’une véritable flotte de guerre, les ukrainiens usent de navires non pilotés, de minuscules kayaks télécommandés et chargés d’explosifs, pour défier leur adversaire.

Face à la pertinence des drones dans leur stratégie, les Ukrainiens et les Russes ont mis en place des mesures destinées à assurer un approvisionnement constant à leurs troupes. Ils se sont tournés non seulement vers l’acquisition en grande quantité de drones civiles dans le commerce, mais ont également développé leur propre capacité de production. L’industrie nationale ukrainienne, bien qu’initialement sous-performante au commencement de la guerre du Donbass il y a une décennie, a connu une croissance significative. Au mois d’août, le ministère ukrainien de la transformation numérique a révélé qu’une réplique du drone russe Lancet-3 a été conçue et serait bientôt déployé sous le nom de Perun, le dieu slave du tonnerre et des éclairs.

La Russie, contrainte par les sanctions occidentales limitant sa capacité d’approvisionnement en composants électroniques, doit faire face à plus d’obstacles. Cependant, d’après des sources de renseignement américain, Moscou aurait entamé la constructon d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour produire des drones-kamikazes de conception iranienne, à l’instar des Shahed-136.

Concernant l’état des stocks de missiles de l’armée russe, il est extrêmement ardu voire impossible de le déterminer avec précision. Les renseignements ukrainiens fournissent périodiquement des informations à ce sujet, mais ces dernières restent douteuses.

Andri Ioussov, qui est le représentant de la direction de l’intelligence du ministère de la défense (GUR), a mentionné dans une déclaration à Liga.net que l’armée russe avait initialement 2 300 missiles balistiques et de croisière avant le conflit, et qu’ils en avaient plus de 900 au commencement de cette année. De plus, Ioussov indique que leur arsenal comprend également environ dix mille missiles antiaériens S-300, avec une portée de 120 kilomètres, et un nombre significatif de S-400, une version encore plus avancée avec une portée trois fois plus grande. En août, Vadym Skibitsky, le deuxième en commandement à GUR, a déclaré que le nombre de missiles capables de parcourir plus de 500 kilomètres était de 585.

En termes de capacité de production, la Russie serait maintenant capable de produire environ une centaine de missiles balistiques ou de croisière chaque mois, comme l’indiquent plusieurs experts. Le GUR avait estimé cette production à 115 unités en octobre.

En outre, il semblerait que la Russie a également obtenu des missiles à courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord, et qu’elle continue de le faire. Reuters, citant plusieurs sources iraniennes, rapporte que 400 missiles iraniens de la variété Fateh-110 (d’une portée de 300 à 700 kilomètres) ont été livrés à la Russie depuis janvier, quand un accord a été signé. Le nombre exact de missiles nord-coréens que la Russie a obtenus est inconnu, mais il est confirmé que 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, comme le souligne le procureur général, Andriy Kostin. Les experts qui ont examiné les restes et les trajectoires suggèrent qu’il s’agirait probablement de KN-23 et de KN-24, avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

Répondant à une requête à long terme du président ukrainien, les États-Unis ont approuvé en août 2023 le transfert de jets de combat F-16 en Ukraine. Bien qu’il existe un potentiel de plus de 300 F-16 répartis dans neuf pays européens, incluant la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, tous les pays concernés ne sont pas en position d’en céder immédiatement.

Volodymyr Zelensky a mentionné que 42 F-16 ont été promis à Kiev par les alliés occidentaux, mais cette information n’a pas été vérifiée. Le Danemark a promis d’en donner 19. Les 6 premiers ne seraient pas livrés avant la fin de 2023, suivis de 8 autres en 2024 et 5 de plus en 2025, comme l’a déclaré la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, ayant en possession 42 unités, ont également promis d’en donner, sans indiquer le nombre exact.

De plus, les pilotes ukrainiens doivent être formés pour piloter ces avions de combat américains. Onze pays alliés de l’Ukraine se sont engagés à former les pilotes. L’OTAN a estimé que les soldats ukrainiens seraient aptes à utiliser les avions en situation de combat seulement à partir de début 2024, tandis que d’autres experts estiment plutôt l’été de cette année.

Quel type de soutien militaire est fourni à Kiev par ses alliés ?

Selon un récent rapport de l’Institut Kiel, le soutien de l’Occident à Kiev semble ralentir deux ans après l’escalade de la guerre. Le rapport, publié en février 2024, souligne une diminution des aides engagées entre août 2023 et janvier 2024, comparativement à la même période de l’année précédente. Les efforts du Sénat américain pour approuver davantage d’aides ont été vains et l’Union européenne (UE) a rencontré des obstacles importants pour adopter une aide de 50 milliards le 1er février 2024, principalement à cause de l’opposition hongroise. Il convient de mentionner que ces deux aides n’ont pas encore été comptabilisées dans le dernier bilan de l’Institut Kiel.

Le rapport de l’institut allemand révèle également une réduction du nombre de donateurs, avec un focus sur un groupe de pays spécifiques : les États-Unis, l’Allemagne et les pays de l’est et du nord de l’Europe. Ces nations ont promis d’importants soutiens financiers et militaires. Depuis février 2022, l’engagement total de tous les pays qui soutiennent Kiev s’élève à au moins 276 milliards d’euros, ceci incluant des aides militaires, financières et humanitaires.

En terme financier, c’est aux États-Unis que revient le titre du plus gros donateur, avec plus de 75 milliards d’euros consentis, dont 46,3 milliards destinés à l’aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont annoncé des aides bilatérales de 64,86 milliards d’euros et des aides collectives de 93,25 milliards d’euros, provenant des fonds de l’UE, pour un total de 158,1 milliards d’euros.

En comparant les contributions de différents pays donateurs en rapport avec leur Produit Intérieur Brut (PIB), on observe un changement notable dans le classement. Les États-Unis, en dépit de leur statut de grande puissance, se retrouvent relégués à la vingtième place, cédant plutôt leur place à des pays situés près de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques. L’Estonie, avec des aides constituant 3,55% de son PIB, arrive en tête de ce classement, précédant respectivement le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). Les deux derniers du top cinq sont la Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%). Ces trois pays baltes, partageant tous une frontière avec la Russie ou sa complice la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus généreux depuis le début de la crise.

Concernant la France, elle se positionne en vingt-septième place en contribuant avec un maigre 0,07% de son PIB, plaçant la Grèce (0,09%) juste devant elle. L’assistance offerte par la France a connu une baisse progressive depuis l’initiation de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En fait, elle était précédemment en vingt-quatrième position en avril 2023, et même en treizième place à l’été 2022.

Qu’en est-il des troubles à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne?

L’Ukraine et la Pologne traversent une période délicate depuis des mois en raison du transit des céréales ukrainiennes, qui est l’objet de vives tensions. La Commission européenne avait lancé des « voies de solidarité » au printemps 2022 pour permettre l’expédition et la vente de produits agricoles ukrainiens, exemptés de taxes douanières, vers l’Afrique et le Moyen-Orient. La Fondation Farm, un groupe de réflexion sur l’agriculture mondiale, indique que près de 50% des céréales ukrainiennes passent ou terminent leur trajet dans l’Union européenne (UE) depuis le début du conflit. Ces céréales sont proposées à un prix nettement inférieur à celui du blé produit dans l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

Pour protéger le marché local et les revenus de leurs agriculteurs, qui sont affaiblis par ces céréales, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont arrêté d’importer ces céréales en avril 2023. Bruxelles avait consenti à cet embargo, sous certaines conditions : il ne devrait pas entraver la circulation vers d’autres pays et ne devrait durer que quatre mois. En revanche, puisque le problème de base n’a pas été résolu, Varsovie a opté pour ne pas rouvrir sa frontière aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, malgré le fait que Bruxelles estimait que l’embargo n’était plus justifié, prétendant que ses études montraient « qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux pour les céréales ».

Depuis un certain temps, les agriculteurs de Pologne ont mis en place un blocage à leur frontière avec l’Ukraine, empêchant ainsi l’accès des camions ukrainiens à leur pays. Leur revendication principale est l’instauration d’un « embargo total » sur tous les biens agricoles et alimentaires en provenance d’Ukraine. Ce mouvement découle d’une insatisfaction grandissante liée à l’augmentation de leurs frais de production tandis que leur capacité de stockage est à saturation et les prix de leurs produits au plus bas. Le président ukrainien, en 2024, avait analysé cette situation comme un signe de «l’affaiblissement de la solidarité» vis-à-vis de son pays et avait demandé à discuter de la situation avec la Pologne. Il a également fait remarquer que seule Moscou pourrait tirer avantage de cette situation, mentionnant même la «survenue de slogans clairement en faveur de Poutine».

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