Pas facile d’être à la tête, mais Valérie Hayer l’a fait. Après une performance décevante de son parti aux élections européennes du 9 juin, dont elle était le chef de file, l’eurodéputée a su se maintenir en tant que présidente du groupe libéral Renew au Parlement européen basé à Strasbourg, le 25 juin. Elle a lutté pendant deux semaines pour garder cette position, qu’elle détient depuis janvier, date à laquelle son précédent Stéphane Séjourné a été nommé ministre des affaires étrangères.
Malgré le fait que la délégation française reste la plus grande au sein du groupe centriste, la faction libérale de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ALDE), qui regroupe une majorité importante des membres, était en désaccord avec sa réélection. Cependant, l’ex-première ministre belge Sophie Wilmès, qui a intégré le Parlement à Strasbourg et aurait même été soutenue par Paris, n’avait pas l’intention de se lancer immédiatement.
Il y avait un moment où Joao Cotrim Figueiredo, élu portugais, pensait se présenter contre Hayer. Cependant, réalisant le lundi qu’il n’avait pas les appuis nécessaires, il a finalement décidé de ne pas le faire. Hayer a réussi à convaincre certaines délégations de rester avec elle. D’autres, tels que les slovaques et les Néerlandais de D66, trouvaient son potentiel adversaire trop conservateur. « Les Irlandais devraient probablement obtenir la première vice-présidence du groupe », indique une source proche du parti macroniste.
Malgré tout ces efforts, ils restent en minorité au Conseil Européen.
Dans la capitale française, Paris, les prédictions indiquent une montée potentielle de l’extrême droite aux élections législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet. Cependant, la victoire de Valérie Hayer est largement saluée. En dépit de la diminution de son influence communautaire, Emmanuel Macron souhaitait que la direction du groupe reste entre les mains d’un Français. Les dirigeants des chrétiens-démocrates du Parti populaire européen (PPE), des sociaux-démocrates (S&D) et de Renew, qui devraient être la base sur laquelle la Commission élaborera ses projets de loi, sont les partenaires naturels de l’exécutif communautaire.
Depuis 2019, la France a influé intensivement sur l’ordre du jour européen. Cependant, elle est consciente que la législature à venir sera probablement moins avantageuse pour elle. Au Conseil européen, où douze des vingt-sept chefs d’État et de gouvernement sont membres du PPE et où tant le Néerlandais Mark Rutte que le Belge Alexandre de Croo sont sur le point de quitter leurs fonctions, le président français se trouve désormais en minorité.
Au Parlement européen, le groupe Renew a perdu plusieurs élus et ne compte à présent que 74 membres sur un total de 720, comparé à 103 avant le 9 juin. En plus de cela, les Français ne constituent plus que treize membres, contre vingt-trois dans la législature précédente. Pour aggraver les choses, Renew, qui était le troisième groupe du Parlement européen, a été devancé par le groupe des Conservateurs et des Réformistes européens (ECR), dominé par le parti post-fasciste Fratelli d’Italia, dirigé par Giorgia Meloni, présidente du conseil italien. Un diplomate européen résume la situation : « Nous sommes affaiblis, dans un Parlement où le centre de gravité est plus à droite et où l’extrême droite a gagné du terrain. »
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