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26 juin 2024 15 h 12 min

« Législatives: Professeurs et Vote RN Clair »

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Sandrine, une professeure opérant dans un collège de l’Aude, rapporte une expérience qui l’a terriblement surprise. Au sein de son environnement de travail et peu après la dissolution de l’Assemblée Nationale, un collègue a ouvertement exprimé son intention de voter pour le Rassemblement National (RN) – un choix qu’elle n’avait jamais entendu un autre enseignant assumer aussi franchement de toute sa carrière. L’enseignant en question semblait convaincu que l’éducation nationale chutait et estimait que le parti de Marine Le Pen était la clef d’un possible redressement. Cette situation a laissé Sandrine stupéfaite.

Cette altercation n’est pas isolée. Beaucoup d’autres enseignants, tout comme Sandrine, témoignent de l’ascension silencieuse du vote RN parmi eux. En se basant sur une enquête menée par le politologue Luc Rouban avant les élections européennes du 9 juin, on peut noter qu’approximativement un professeur sur cinq pourrait aujourd’hui glisser un bulletin RN dans l’urne, malgré le fait que la moitié des enseignants demeure toujours fidèle à la gauche. Les données de Rouban étaient tout aussi significatives lors des élections présidentielles de 2022.

Selon le chercheur, l’extrême droite gagne du terrain au sein de ce corps de métier traditionnellement ancré à gauche. Cette évolution est attribuée à la vision défensive des services publics promue par le président du parti, Jordan Bardella, ainsi qu’à la prise en compte par le RN des problématiques liées à la violence en milieu scolaire, les agressions et les enjeux de la laïcité – ces sujets étant d’autant plus préoccupants depuis le tragique meurtre de l’enseignant Samuel Paty en 2020. Malgré tout, le milieu enseignant demeure un des derniers remparts de résistance au RN, même si des signes de son ébranlement commencent à se faire ressentir.

A l’approche du premier tour des élections législatives, Christel, une enseignante de la région des Bouches-du-Rhône, reste indécise sur son vote. Bien qu’elle ait une prédilection pour un Parti socialiste plus modéré, elle refuse de soutenir la coalition de gauche, en raison de ses positions sur le Hamas, qu’elle considère comme une organisation terroriste. Elle trouve aussi les promesses du Nouveau Front Populaire concernant l’éducation, idéalistes. De plus, son expérience en tant qu’électrice d’Emmanuel Macron en 2017 l’a laissée déçue par le manque de respect du gouvernement actuel envers les enseignants.

Ayant été victime de menaces d’un parent d’élève par le passé, elle souhaite soutenir un parti politique qui s’efforce de valoriser et protéger les enseignants, y compris en augmentant leurs salaires. Bien que le RN ne fasse pas de telles propositions, elle reconnaît que les promesses de Jordan Bardella concernant la protection des fonctionnaires, la réduction des effectifs, la restauration de l’autorité et l’orientation professionnelle peuvent séduire certains. Elle pourrait même être tentée, malgré son désaccord avec la politique d’immigration du RN.

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