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26 juin 2024 8 h 13 min

« Législatives 2024: L’école, champ idéologique? »

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Au cours de la campagne législative, divers sujets ont pris le dessus, dont l’économie, la sécurité, le travail, le logement et l’immigration, avec l’éducation reléguée au second plan. Cependant, comme lors de chaque scrutin, l’éducation s’avère être un terrain de conflit idéologique majeur, mettant en lumière les fractures politiques entre les différentes parties en lice. Les propositions faites par les principaux partis pour le vote qui se déroulera les 30 juin et 7 juillet soulignent l’existence de divers projets qui s’opposent parfois.

Un acteur politique, le Rassemblement national (RN), qui a obtenu une victoire éclatante lors des élections européennes du 9 juin et est associé à une certaine droite, propose un programme qui rompt avec les politiques éducatives jusque-là suivies. Pour ce parti, autrefois connu sous le nom de Front National (FN), l’objectif est de remédier à la « chute du niveau » en « rétablissant l’exigence de l’école publique » et en instaurant un « big bang de l’autorité » dès la rentrée 2024, avec diverses mesures détaillées par le président du parti, Jordan Bardella.

D’autres mesures qui n’ont pas été intégrées dans le programme ont été cependant présentées à Le Monde par Roger Chudeau, le responsable de l’éducation au sein du RN. Le parti envisage, par exemple, de limiter l’éducation prioritaire aux seuls établissements du réseau renforcé (REP+), situés dans les quartiers les plus défavorisés. Roger Chudeau, également ancien inspecteur général, explique: « Ils auront des ressources et des possibilités pédagogiques pour accomplir la mission de l’école, une mission de montée en puissance, de transformation des élèves en citoyens français, et non en citoyens du monde ».

Le RN envisage de modifier la manière dont les enseignants sont formés, en excluant les universités de ce processus, et promet d’accorder davantage de valeur à ces professionnels de l’éducation. Par ailleurs, le parti s’engage à préserver leur liberté en matière de méthodes d’enseignement et les libertés académiques dans l’enseignement supérieur. Toutefois, le RN met l’accent également sur le fait que les enseignants doivent maintenir leur neutralité. Roger Chudeau insiste sur le fait qu’il ne faut pas confondre les opinions personnelles et les connaissances factuelles, faisant référence à des sujets tels que le genre ou le wokisme. Il affirme que le rôle de l’école est d’apprendre le programme établi par le gouvernement, et non d’ouvrir un débat.

Selon Ismail Ferhat, professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris-Nanterre, l’approche éducative du RN, autrefois FN, repose sur trois piliers qui font de lui un parti unique dans le paysage politique. Il a détaillé ces points dans un article récent sur le programme scolaire du RN. Son intégralité est cependant réservée aux abonnés.