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« Guerre Ukraine: Ministres Russe-Américain Parlent Après An »

Ce direct a été animé par Cécile Bouanchaud, Dorian Jullien, Marie Pouzadoux, Anna Villechenon et Charlotte Herzog. Pour plus de renseignements sur le conflit ukrainien, vous pouvez lire nos articles, reportages et analyses. Le « Monde » offre une variété de reportages, d’analyses et de décryptages. On y aborde l’endoctrinement et la russification des élèves dans les régions de l’Ukraine occupées. Par ailleurs, nous soulignons les complexes rapprochements entre l’industrie d’armement ukrainienne et les entreprises européennes. Nous illustrons également les forces et faiblesses de l’industrie de la défense ukrainienne à Eurosatory.

Le potential d’aide militaire de la Corée du Sud à l’Ukraine est examiné, tout comme les tentatives de la Russie de dissimuler ses activités d’espionnage en mer du Nord grâce à l’usage de navires commerciaux. En Ukraine, on observe une augmentation de la participation des femmes dans l’économie car elles prennent la relève des hommes.

Nos réponses à vos questions les plus courantes sont disponibles. Nous abordons également comment Moscou et Kiev déploient des drones. La guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint une intensité inégalée ces derniers mois. Selon un rapport récent d’un think tank britannique spécialisé en défense, l’Ukraine perdait jusqu’à 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. Pour mettre cela en perspective, l’armée française compte un peu plus de 3 000 drones dans son arsenal.

Ukrainiens et Russes recourent principalement à des petits UAV (véhicules aériens sans pilote, en anglais) civils, qui sont non seulement économiques mais également abondants. Ils sont utilisés pour observer le champ de bataille, guider les troupes ou les tirs d’artillerie ; certains sont même modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, bien que plus rares, jouent également un rôle crucial. Ces UAV, équipés d’une charge explosive, sont envoyés par-dessus la ligne de front sans but préétabli. La Russie utilise des Lancet-3 russes ainsi que des Shahed-136 produits en Iran. Privée d’une véritable flotte de guerre, l’Ukraine défie l’ennemi avec des véhicules maritimes autonomes, des petits kayaks téléguidés, portant des explosifs (450 kilos de TNT).

Reconnaissant l’importance des drones dans leurs opérations, les Ukrainiens et les Russes ont mis en place des systèmes pour fournir à leurs troupes sur le long terme. Ils n’achètent pas seulement des drones civils en grande quantité, mais ont également développé des capacités de production nationales. L’industrie ukrainienne, qui était en phase embryonnaire au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, s’est depuis renforcée. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé qu’une réplique du drone russe Lancet avait été développée et sera bientôt déployée sous le nom de Peroun, Dieu Slave de la foudre et du tonnerre.

Impactée par les sanctions occidentales qui réduisent l’approvisionnement en composants électroniques, la Russie rencontre des difficultés. Cependant, les services de renseignement américains indiquent que Moscou a commencé à construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga, pour produire des drones-kamikazes iraniens, tels que les Shahed-136.

Quant aux stocks de missiles russes, la situation reste incertaine voire inconnue. Les services de renseignement ukrainiens publient régulièrement des informations à ce sujet, mais leurs estimations sont discutables.

D’après Andri Ioussov, représentant de l’autorité principale du renseignement du Ministère de la Défense (GUR), tel que rapporté par Liga.net, l’armée russe aurait possédé 2300 missiles balistiques et de croisière avant le début des conflits et aurait conservé environ 900 d’entre eux en début d’année. Ce total s’ajoute à une estimation de plus de 10000 missiles antiaériens S-300, ayant une portée d’environ 120 kilomètres et un stock significatif de S-400, une version plus récente avec une portée triplée. En août, le second du GUR, Vadym Skibitsky aurait estimé à 585 le nombre de missiles ayant une portée de plus de 500 kilomètres.

En termes de capacité de production, plusieurs experts évaluent qu’elle aurait augmenté à une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois. En octobre, leur production aurait été évaluée par le GUR à 115 unités.

La Russie aurait également fait l’acquisition de missiles à courte portée depuis l’Iran et la Corée du Nord et continuerait à en acheter. L’agence Reuters, en référenciant plusieurs sources iraniennes, rapporte que 400 missiles iraniens de la famille Fateh-110 (capable de couvrir une distance de 300 à 700 kilomètres) auraient été livrés depuis janvier, date à laquelle un accord aurait été signé. En revanche, on ignore le nombre exact de missiles nord-coréens acquis par la Russie, bien que 24 aient été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, d’après le procureur général Andriy Kostin. Suite à l’analyse des débris et trajectoires, les experts pensent qu’il s’agit probablement de missiles KN-23 et KN-24, ayant une portée approximative de 400 kilomètres.

Et qu’en est-il des avions de combat F-16?

Au mois d’août 2023, les États-Unis ont répondu favorablement à une requête de longue date du président ukrainien en autorisant le transfert de jets de combat F-16 vers l’Ukraine. Bien qu’il existe une flotte potentielle de plus de 300 F-16 dispersée dans neuf pays européens – notamment la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal -, tous les pays possédant ces avions ne sont pas à même de les céder immédiatement.

Le Président Volodymyr Zelensky a évoqué un total de 42 F-16 promis par ses partenaires occidentaux à Kiev, toutefois, ce chiffre n’a pas été validé. Selon la première ministre danoise, Mette Frederiksen, le Danemark prévoit d’en fournir 19, avec six livrés d’ici la fin de 2023, suivis de huit en 2024 et de cinq en 2025. Les Pays-Bas ont également promis des jets, mais n’ont pas indiqué combien ils envisagent de livrer.

De plus, les pilotes ukrainiens doivent être entraînés à piloter ces jets américains. Onze alliés de Kiev se sont engagés pour assurer leur formation. Selon l’OTAN, les forces armées ukrainiennes ne seront en mesure d’utiliser ces avions en combat qu’au début de 2024, tandis que d’autres experts estiment que cela pourrait être retardé jusqu’à l’été de la même année.

La question demeure donc, quelle est l’ampleur du soutien militaire que ses alliés apportent à Kiev?

Deux années se sont écoulées depuis le déclenchement du conflit à grande échelle et le soutien occidental envers Kiev semble s’étioler. D’après le dernier rapport publié en février 2024 par l’Institut Kiel, les aides récentes engagées entre août 2023 et janvier 2024 ont connu une baisse comparée à la même période de l’année précédente. L’adoption par le Sénat américain de nouvelles subventions s’avère difficile, tandis que l’Union européenne (UE) a trouvé des obstacles, notamment par la Hongrie, pour faire passer une assistance de 50 milliards le 1er février 2024. À souligner que ces deux aides ne figurent pas encore dans le dernier bilan effectué par l’Institut Kiel, se terminant en janvier 2024.

Selon les données de l’institut allemand, la liste des donateurs diminue et se recentre autour d’un groupe de pays : les États-Unis, l’Allemagne, ainsi que les pays du nord et de l’est de l’Europe, qui offrent tant une assistance financière importante que des armements avancés. Depuis février 2022, les nations soutenant Kiev se sont engagées à apporter au minimum 276 milliards d’euros en termes de contributions militaires, financières et humanitaires.

En termes absolus, les nations les plus fortunées ont été les plus prodigues. Les États-Unis surpassent de loin tous les autres donateurs, ayant promis plus de 75 milliards d’euros d’aide, dont 46,3 milliards consacrés à l’assistance militaire. Les pays de l’Union européenne ont déclaré à la fois des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives du fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), sommant à un total de 158,1 milliards d’euros.

Quand nous comparons ces contributions au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, la hiérarchie se modifie. Les États-Unis tombent au vingtième position (0,32% de leur PIB), bien derrière des pays frontaliers à l’Ukraine ou des anciennes zones soviétiques alliées. L’Estonie se hisse en tête de la liste des donations par rapport à leur PIB, avec 3,55 %, secondée de près par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) ferment la marche du top 5. Les trois pays baltes, qui partagent tous des frontières avec la Russie ou la Biélorussie, se montrent les plus généreux donateurs depuis le commencement du conflit.

Dans la catégorie du pourcentage de PIB, la France se retrouve vingt-septième, allouant 0,07% de son PIB, juste après la Grèce (0,09%). L’aide prodiguée par Paris est en baisse constante depuis l’entame de l’invasion russe en Ukraine – la France était à la vingt-quatrième place en avril 2023, et treizième en été 2022.

Que savons-nous concernant les frictions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Depuis quelque temps, l’Ukraine et la Pologne éprouvent des problèmes relationnels. L’origine de ces tensions est le passage des grains ukrainiens. Au cours du printemps 2022, l’Union Européenne avait instauré des « voies de solidarité » afin de simplifier l’évacuation et la vente des produits agricoles de l’Ukraine sans taxes douanières vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Cependant, « depuis le début des tensions, presque la moitié des grains ukrainiens passent par ou finissent leur trajet en Union Européenne, d’après la Fondation Farm, un groupe de réflexion sur les problématiques agricoles mondiales. D’autre part, ces grains sont proposés à un tarif largement inférieur au blé produit dans l’UE, surtout dans les pays d’Europe centrale ».

En raison de l’instabilité du marché local que ces grains provoquent, ainsi que l’impact sur les revenus de leurs fermiers, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont tous suspendu unilatéralement leurs importations en avril 2023. Bruxelles a permis l’embargo à la condition qu’il ne bloque pas le transit vers d’autres pays et qu’il ne dure que quatre mois. Cependant, considérant que le problème principal n’était toujours pas résolu, Varsovie a choisi de ne pas rouvrir ses frontières aux grains ukrainiens à la fin de l’été, alors que pour Bruxelles, l’embargo n’était plus justifié comme leur études démontraient « qu’il n’y avait plus de déséquilibre sur les marchés nationaux de grains ».

Les exploitants agricoles de Pologne ont mis en place un barrage à la frontière avec l’Ukraine, empêchant ainsi l’entrée des véhicules ukrainiens sur leur sol national. Ils exigent un « embargo total » sur les produits agroalimentaires ukrainiens, se plaignant de la hausse drastique de leurs coûts de production tandis que leurs silos et dépôts sont pleins à craquer et que les prix sont au plus bas. Le chef d’État ukrainien a déclaré début 2024 que le blocus à la frontière polonaise évoquait « la dégradation de la solidarité » en faveur de son pays, et a sollicité des discussions avec la Pologne. Il a également insisté sur le fait que « seulement Moscou se réjouit » de ces frictions, en critiquant « l’émergence de messages favorablement pro-Poutine ».

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