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25 juin 2024 9 h 06 min

« Guerre Ukraine: Russie détruit trente drones »

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Cécile Bouanchaud, Marie Pouzadoux, Anna Villechenon et Charlotte Herzog ont animé le live. Plusieurs articles, analyses et reportages sur la guerre en Ukraine peuvent être lus. Il y a une russification et un endoctrinement des élèves dans les zones d’Ukraine occupées. Des rapprochements délicats se font entre les industriels européens et ukrainiens dans l’armement. L’industrie de la défense ukrainienne a montré ses atouts et ses faiblesses au salon Eurosatory, et la Corée du Sud envisage de leur fournir des armes.

En mer du Nord, la Russie cache ses espionnages avec des navires de commerce. Les femmes en Ukraine prennent le relais des hommes pour maintenir l’économie. Comment les drones sont-ils utilisés par Moscou et Kiev ? La guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine s’est intensifiée ces derniers mois. Un think tank britannique en défense a révélé en mai 2023 que les Ukrainiens perdaient environ 10 000 drones par mois sur le terrain de bataille, soit plus de 300 par jour. À comparer, l’armée française détient un peu plus de 3 000 drones.

Les Ukrainiens et les Russes utilisent principalement de petits UAV (unmanned aerial vehicle) civils, économiques et disponibles en quantité. Ils sont utilisés pour surveiller le terrain de bataille et guider les troupes ou tirs d’artillerie. Certains sont modifiés pour transporter de petites charges explosives larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Bien que moins présents, les drones-kamikazes ont aussi une fonction essentielle. Équipés d’explosifs, ces véhicules aériens sans pilote sont envoyés au-dessus du front sans mission préalablement définie. La Russie emploie les drones russes Lancet-3 et les Shahed-136, fabriqués en Iran. Malgré l’absence d’une véritable flotte de guerre, l’Ukraine nargue son adversaire avec ses engins maritimes autopilotés, de petits kayaks télécommandés remplis d’explosifs (450 kilos de TNT).

Soulignant l’importance des drones dans leurs actions militaires, les Ukrainiens et les Russes ont élaboré des plans pour approvisionner leurs forces sur le long terme, non seulement en se procurant en grande quantité des drones civils sur le marché, mais aussi en établissant leurs propres capacités de production. La puissance de l’industrie nationale ukrainienne a progressé depuis le déclenchement de la guerre du Donbass il y a dix ans. Le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé fin août qu’une copie du drone russe Lancet avait été réalisée et serait prochainement déployée sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie, freinée par les sanctions occidentales limitant ses ressources en composants électroniques, rencontre plus de difficultés. Cependant, d’après les services de renseignement américains, Moscou aurait débuté la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga, où elle prévoit de produire des drones-kamikazes iraniens, comme les Shahed-136.

Au sujet des réserves de missiles russes, il est quasi impossible de connaître leur état actuel. Les services de renseignement ukrainiens publient régulièrement des informations sur le sujet, mais leurs estimations peuvent être douteuses.

D’après les déclarations d’Andri Ioussov, représentant de la direction du renseignement de la défense (GUR), mentionnées par Liga.net, l’armée russe possédait dans leurs arsenaux environ 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant la guerre et ce chiffre se situait au-dessus de 900 au début de l’année. A cela s’ajoutent, a-t-il précisé, environ dix mille missiles antiaériens S-300, ayant une distance de frappe aux alentours de 120 kilomètres, ainsi qu’un grand nombre de S-400, la version plus récente avec une portée triplement supérieure. En août, Vadym Skibitsky, adjoint du GUR, faisait état d’un nombre de 585 missiles capables de parcourir plus de 500 kilomètres.
Par rapport à la production, l’évaluation de plusieurs spécialistes la situe à une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois. En octobre, le GUR donnait une estimation de 115 unités produites.
Par ailleurs, la Russie aurait acquis des missiles de courte portée en Iran et en Corée du Nord, et continuerait à en acheter. Selon Reuters, citant plusieurs sources iraniennes, environ 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (portée de 300 à 700 kilomètres) auraient été livrés à la Russie depuis janvier, moment où un accord aurait été conclu. Le nombre de missiles nord-coréens dont la Russie s’est dotée n’est pas connu, mais on sait que 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. Les spécialistes ayant analysé les fragments et trajectoires pensent qu’il s’agit probablement des modèles KN-23 et KN-24, dont la portée s’élève à environ 400 kilomètres.
Quant aux avions de chasse F-16 ?

En août 2023, les États-Unis ont répondu positivement à une requête de longue date du président ukrainien concernant le transfert de chasseurs F-16 vers l’Ukraine. Neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, possèdent une flotte combinée de plus de 300 F-16, mais tous ne sont pas prêts à en céder immédiatement.

Bien que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ait mentionné un chiffre de 42 F-16 promis par les alliés occidentaux, ce nombre n’a pas été officiellement confirmé. Par exemple, le Danemark a assuré qu’il donnerait 19 avions, dont six ne seront pas livrés avant 2023, huit en 2024 et cinq en 2025, d’après la première ministre danoise Mette Frederiksen. De façon similaire, les Pays-Bas ont également prévu de faire un don, mais le nombre d’unités n’a pas été dévoilé.

Outre le transfert de ces chasseurs, les pilotes ukrainiens auront besoin de formation pour pouvoir les manœuvrer. Onze pays alliés se sont proposés pour entraîner ces pilotes. L’OTAN estime que les pilotes ukrainiens seront aptes à utiliser les avions en situation de combat en 2024, voire en été pour d’autres experts. La question demeure concernant l’étendue du soutien militaire que les alliés apportent à Kiev.

Le rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024, dévoile une diminution progressive du soutien occidental à Kiev, deux ans après le conflit à grande échelle. La période entre août 2023 et janvier 2024 a connu une baisse des aides nouvellement engagées par rapport à la même période de l’année précédente. Le Sénat américain éprouve des difficultés à approuver les aides, tout comme l’Union Européenne (UE) qui a dû surmonter des obstacles pour adopter une aide de 50 milliards début février 2024, suite à une résistance de la Hongrie. Il convient de signaler que ces deux paquets d’aide n’ont pas été prédits dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, arrêté en janvier 2024.

Selon les statistiques de l’institut allemand, le nombre de donateurs diminue et se recentre autour d’un groupe spécifique de pays comme les États-Unis, l’Allemagne, et les pays nordiques et orientaux de l’Europe. Ce groupe offre à la fois des aides financières conséquentes et un armement sophistiqué. Au total, depuis février 2022, les pays favorables à Kiev se sont engagés à verser au moins 276 milliards d’euros en soutien militaire, financier ou humanitaire.

En termes absolus, les pays les plus fortunés ont été les plus largesses. Les États-Unis, en tête de la liste des donateurs, ont annoncé une aide de plus de 75 milliards d’euros, y compris 46,3 milliards en aide militaire. Les pays de l’UE ont déclaré à la fois des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives issues des fonds de l’UE (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

Quand on prend en compte les contributions au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, la position de ces pays sur le classement varie. Les États-Unis chutent à la vingtième position (0,32 % de leur PIB), bien en dessous de certains pays limitrophes à l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques amicales. L’Estonie monte à la première place en termes d’aide en proportion du PIB avec 3,55 %, suivie du Danemark (2,41 %) et de la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top 5. Les trois États baltes, qui partagent tous des frontières avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, se distinguent comme étant parmi les donateurs les plus généreux depuis le commencement du conflit.

En ce qui concerne le pourcentage du PIB, la France se place vingt-septième, ayant alloué seulement 0,07 % de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09 %). L’assistance fournie par la France a continuellement baissé depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France était classée vingt-quatrième en avril 2023, et treizième au cours de l’été 2022.

Que pouvons-nous déduire quant aux tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Durant de nombreux mois, il y a eu des tensions continue entre l’Ukraine et la Pologne, principalement en raison du transit des produits céréaliers ukrainiens. La Commission européenne a établi des « corridors de solidarité » au printemps 2022 pour faciliter l’exportation et la mise en marché des produits agricoles ukrainiens, sans taxes douanières, vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Selon le cercle de réflexion mondial sur l’agriculture, la Fondation Farm, environ 50% des céréales ukrainiennes traversent ou aboutissent dans l’Union européenne (UE) depuis le début des tensions. Ces céréales se vendent à un prix beaucoup plus bas que le blé cultivé en UE, particulièrement dans les pays de l’Europe centrale.

La Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont tous décrété un blocus unilatéral de leurs importations en avril 2023, arguant que ces céréales déstabilisaient leur marché local et nuisaient donc à leur économie agricole. Bruxelles avait approuvé ce blocus, mais seulement s’il n’entravait pas le transit vers d’autres régions et s’il était limité à une durée de quatre mois. Cependant, Varsovie a décidé de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, jugeant que le problème initial de déséquilibre du marché n’était pas résolu. Cela, malgré l’affirmation de Bruxelles affirmant que l’embargo n’avait plus lieu d’être, car leurs analyses indiquaient qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux pour les céréales.

Les producteurs agricoles de Pologne ont instauré un blocus à la frontière polono-ukrainienne pour stopper l’entrée des véhicules ukrainiens sur leur sol national. Ils invoquent un appel à un « embargo total » sur les marchandises agricoles et alimentaires venant d’Ukraine. Ils expriment aussi leur inquiétude face à l’augmentation de leurs frais de production tandis que leurs silos et dépôts sont pleins à craquer et que les prix touchent le fond. Selon le président ukrainien, le blocus à la frontière polonaise est le reflet de « l’affaiblissement de la solidarité » envers son pays, il a donc demandé des discussions avec la Pologne. Il a également souligné que « seul Moscou se complaît » dans ces conflits, en condamnant « l’émergence de slogans clairement en faveur de Poutine ».

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