Même si le Japon fait face à une pénurie de travailleurs, le sentiment de méfiance envers les étrangers reste fort, influençant fortement sa politique migratoire qui peut être décrite comme « un pas en avant, deux pas en arrière ». Le 10 juin, une réforme a été promulguée concernant l’accueil des demandeurs d’asile, permettant un traitement plus rapide des dossiers et rendant plus facile l’expulsion de ceux dont la demande a été refusée. La révision en mars de la politique des « stagiaires techniques », destinée aux jeunes étrangers souhaitant se former dans des entreprises japonaises, a introduit une meilleure protection pour eux mais aussi la possibilité de retirer le statut de résidence permanente à ceux qui commettent des crimes graves, tels que l’agression, le vol ou l’invasion de domicile, ou qui ne paient pas leurs impôts.
Les critiques de cette politique par les associations n’ont guère d’effet, et le ministre de la justice, Ryuji Koizumi, souligne qu’il est important de « sanctionner ceux qui enfreignent les règles » pour « bâtir une société où les Japonais et les étrangers se respectent mutuellement ».
L’immigration reste un sujet délicat au Japon, pays qui souffre d’un manque de main-d’œuvre depuis les années 1970. Glenda Roberts, de l’université Waseda à Tokyo, parle d’un véritable « tabou » autour de la question. Le premier ministre, Fumio Kishida, a même déclaré le 24 mai, reprenant les propos de son prédécesseur Shinzo Abe, que dans le but de protéger le pays, le gouvernement n’avait pas l’intention d’adopter une prétendue politique d’immigration ouvrant les portes aux étrangers et leurs familles sans mettre de limites à leur séjour.
Il s’agit cependant plus d’une politique par défaut que d’une véritable orientation.
Chris Burgess, de l’université Tsuda à Kodaira près de Tokyo, explique que la forte adhésion au concept de « non-immigration » au Japon est due à l’idée d’homogénéité culturelle. Dans un article publié dans le Journal électronique des études japonaises contemporaines en 2020, il écrit: « Il n’existe aucun autre pays qui ait survécu deux millénaires avec une seule langue, une seule ethnie et une seule dynastie ». C’est une affirmation qui a été soutenue par le vice-premier ministre nationaliste, Taro Aso, en 2020, bien qu’on oublie souvent que le Japon accueille des minorités, comme les Aïnous et les Coréens.
Dans le même ordre d’idées, l’opinion dominante au Japon, qu’elle soit justifiée ou non, est que l’immigration pourrait poser des risques pour la stabilité et la sécurité de la nation. Les médias locaux relatent souvent des incidents survenus dans d’autres pays, tels que les émeutes qui ont eu lieu en France en juillet 2023 ou les agressions sexuelles contre les femmes commises à Cologne lors de la soirée du Nouvel An 2015, suite à l’accueil par l’Allemagne de 1.1 million de réfugiés.
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