La première fois que j’ai exploré un bâtiment déserté, j’avais 18 ans et venais de m’installer à Arras. Comme toujours, j’ai grimpé sur les toits de la ville à la recherche d’un panorama exceptionnel. De là, j’ai repéré une structure qui avait l’air délaissée et mal entretenue. Une fenêtre pouvait être ouverte de l’extérieur, ce qui m’a permis de m’infiltrer discrètement. À ma surprise, c’était une discothèque abandonnée avec une cour intérieure envahie par la flore sauvage.
J’ai vite compris que toute une série de bâtiments avaient été délaissés, situés en plein coeur de la vieille ville d’Arras. À côté de la discothèque, se trouvait un ancien sex-shop avec presque tout en place : des rayonnages de DVD classés par genre et, dans une salle adjacente, de petites cabines de visionnage privées dominées par un ancien téléviseur. Je me suis dit : « Wow, cela appartient à une autre époque. »
Depuis mon plus jeune âge, l’exploration m’a toujours passionné. Dans mon petit village du Nord, je tenais à découvrir chaque recoin. Dès qu’un bâtiment ou une ferme était délaissé, je tentais de m’y introduire. Plus tard, j’ai appris le parkour, ou l’art de réaliser des acrobaties et de surmonter divers obstacles complexes.
Poussé par une logique innée, je suis devenu un adepte de l’urbex. Désormais, mes défis sont des bâtiments industriels abandonnés, des maisons laissées à l’abandon, et des passages sous-terrains oubliés. Chaque nouveau site est une surprise en soi, jamais certain de ce que je suis sur le point de découvrir. Il y a eu des occasions où j’ai exploré des châteaux encore emplis de meubles. Des bouquets de fleurs flétris dans un vase, des couverts posés sur la table de la salle à manger. C’est un mystère pour moi comment ces endroits sont laissés derrière.
Voyager à travers l’histoire
C’est comme si tout s’était soudainement arrêté. Tout est silencieux, l’atmosphère est pesante. Chaque pas résonne à travers les structures vides. Il y a des craquements et des grincements. Je me sens comme un aventurier naviguant à travers l’histoire, comme dans Back to the Future. Avec ma lampe de poche comme guide, je découvre des vestiges du passé. Des morceaux de décorations, des papiers marqués de dates, de signatures, de noms. Des équipements désuets, comme une machine à écrire. L’attrait de l’urbex est de comprendre à travers ces objets la vie qui s’est déroulée dans ces lieux abandonnés, comment les gens vivaient, la disposition des meubles.
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