Le dimanche 23 juin, des groupes armés ont lancé une attaque contre des synagogues et des églises orthodoxes situées dans le Caucase russe, causant plusieurs morts, dont au moins quinze officiers de police et un prêtre, selon les déclarations des autorités. Ces dernières ont qualifié ces attaques de « terroristes ». Au départ, le rapport officiel faisait état de huit officiers de police et d’un prêtre décédés à la suite des attaques.
Suite aux attaques, une opération antiterroriste a été initiée, qui s’est achevée le lundi suivant, comme l’a souligné le Comité antiterroriste russe. Le comité a expliqué, cité par les médias russes, que ‘l’élimination des menaces envers la vie et la santé des citoyens a conduit à la décision de conclure l’opération antiterroriste’ au Daghestan à partir de 5h15 (7h15, heure de Paris).
Les attaques se sont produites dans la capitale de la république russe du Daghestan, Makhatchkala, ainsi que dans la ville portuaire de Derbent. Le Daghestan, une région russe où les musulmans sont majoritaires et qui est proche de la Tchétchénie, de la Géorgie et de l’Azerbaïdjan, est régulièrement le théâtre d’opérations antiterroristes menées par les autorités russes.
Selon le Comité antiterroriste russe, cité par l’agence RIA Novosti, les attaques de dimanche ont frappé « deux églises orthodoxes, une synagogue et un poste de contrôle de la police ». Des figures juives, dont le Congrès juif russe, ont déclaré qu’une autre synagogue avait également été touchée par les attaques.
L’identité des assaillants reste indéterminée.
Selon les informations fournies par les autorités, un prêtre russe de l’Eglise orthodoxe, âgé de 66 ans, a perdu la vie à Derbent. Plus tard dans la soirée, Sergueï Melikov, le leader du Daghestan, a révélé que plus de quinze officiers de police ont été touchés par l’acte terroriste. Ces derniers se sont sacrifiés pour défendre la population civile, a-t-il ajouté. D’après un précédent rapport du ministère de l’intérieur du Daghestan, six policiers, dont un officier de la garde nationale, ont été tués.
Par ailleurs, des individus armés ont ouvert le feu sur un véhicule de police, occasionnant des blessures à un des policiers à Sergokala, un village situé entre Makhatchkala et Derbent, comme l’a évoqué le ministère de l’intérieur local. Pour l’heure, aucun détail n’est disponible concernant les motivations ou les identités des auteurs de ces attaques apparemment coordonnées.
En fin de soirée, le Comité antiterroriste russe a déclaré la fin de la « phase active » de l’opération antiterroriste à Derbent, mentionnant que deux assaillants avaient été abattus. Selon le ministère de l’intérieur du Daghestan, quatre attaquants ont été « éliminés » à Makhatchkala. Quant au Comité d’enquête russe, il a annoncé l’ouverture d’une enquête criminelle sur des « actes terroristes », sans donner davantage de détails.
Boruch Gorin, le président du conseil public des communautés juives de la Fédération de Russie, a rapporté que les synagogues de Derbent et de Makhatchkala ont été incendiées. Des photos diffusées par les médias russes montraient un bâtiment en feu, identifié comme une synagogue.
Des vidéos ont capturé des échos d’échanges de tirs dans les rues de Makhatchkala où une forte présence policière a été mise en place. Cependant, l’Agence France-Presse n’était pas en mesure de confirmer l’authenticité de ces images sur-le-champ.
Selon M. Melikov, qui s’est exprimé sur Telegram, des individus non identifiés ont tenté de semer le chaos dans la société le dimanche soir. « La guerre frappe désormais également à nos portes », a-t-il déclaré. « Nous en avions une intuition, mais maintenant nous devons l’affronter ». Il a ensuite informé que l’étape intense des opérations à Derbent et Makhachkala était achevée, et six gangsters avaient été éliminés. Le gouvernement tentera de traquer « tous les participants de ces cellules clandestines préparées ici et à l’étranger pour mener à bien ces attaques », a-t-il ajouté.
Le patriarche Kirill Ier, qui dirige l’Eglise orthodoxe russe et qui est un fervent allié du Kremlin, a insisté sur le fait que « l’ennemi » voulait rompre la « paix interreligieuse » du pays. Il a déclaré que cet ennemi aspirait à « semer les graines de la haine », sans spécifier qui étaient ces adversaires.
Il y a eu une émeute hostile à Israël à l’aéroport de Makhatchkala en octobre 2023. Un groupe d’hommes a envahi la piste au moment où un avion en provenance d’Israël a atterri, dans un climat marqué par une crise internationale due au conflit entre Israël et le Hamas.
À travers le temps, la Russie a été régulièrement la cible d’attaques terroristes et d’attentats perpétrés par l’organisation extrémiste Etat islamique (EI), malgré son influence limitée dans le pays. En mars dernier, un attaque revendiquée par l’EI dans le complexe Crocus City Hall, en banlieue moscovite, a fait plus d’une centaine de victimes. Le dernier week-end, selon les autorités, plusieurs assaillants de l’EI ont été tués suite à la prise en otage de deux gardiens de prison dans le sud de la Russie.
À l’orée des années 2000, la Russie a dû faire face à une rébellion islamiste dans le Caucase, un mouvement qui est né suite à une première guerre contre la Tchétchénie indépendantiste en 1994-1996. Le conflit a été réprimé par l’armée russe et par la suite, les affrontements armés ont peu à peu diminué. Près de 4 500 citoyens russes, principalement issus du Caucase, ont rejoint le rang de l’EI en combattant en Irak et en Syrie, d’après les statistiques officielles.