Dans une vallée reculée du Sichuan, à l’ouest de la Chine, la fusée Long March 2-C démarre son propulseur, crachant des flammes puissantes. En quelques instants, le vaisseau spatial quitte son site de lancement, s’élevant dans le ciel avec un grondement tonitruant pour disparaître rapidement derrière un voile de nuages bas. Les vibrations du décollage diminuent peu à peu, la fumée générée par la fusée se dissipe lentement. Les membres de l’Administration spatiale nationale de Chine, vêtus de leur uniforme bleu royal, relâchent leur tension initiale pour afficher des airs de satisfaction. La Chine prévoit environ une centaine de décollages pour cette année, ayant déjà effectué 67 en 2023 – certes moins que les États-Unis avec SpaceX (avoir fait 109), mais plus que n’importe quel autre pays, la Russie occupant la troisième place avec 19 lancements.
Le 22 juin, la base de Xichang a été le témoin du lancement d’un satellite franco-chinois, le SVOM, avec la fusée. Ce nom mystérieux englobe une mission ambitieuse pour observer les sursauts gamma, de puissantes émissions d’énergie fréquemment observées lors de la destruction d’étoiles massives et qui nous touchent maintenant, des milliards d’années après leur origine. L’étude continue de ces phénomènes pourrait offrir des lumières sur l’histoire de l’univers. C’est le fruit de dix-huit ans de collaboration entre la France et la Chine. Une fois positionné, le satellite commencera bientôt à capter ces rayons, fournissant de nouvelles opportunités de recherche à la communauté astronomique terrestre.
L’exploit récent de la Chine pourrait être suivi d’une autre réussite dans les jours à venir. Sa mission Chang’e-6, nommée d’après la déesse lunaire chinoise, est supposée rapporter des échantillons prélevés depuis la face cachée de notre satellite terrestre. Ils sont attendus pour atterrir en Mongolie-Intérieure aux alentours du 25 juin. Ces échantillons, constitués de deux kilogrammes de roches et de poussières collectées par une sonde dans le cratère Apollo, pourrait contribuer à expliquer pourquoi les deux hémisphères de la Lune sont si dissemblables. La croûte de la face cachée est en effet bien plus épaisse.
La mission Chang’e-6, jugée complexe, a exigé de la Chine de surmonter plusieurs complications techniques. Pour établir une liaison avec cette face de la Lune non visible depuis la Terre, la Chine a mis en orbite un satellite pour servir de relai de communication, chose qu’elle avait réalisé en mars. Pour le transport des échantillons, une nouvelle rencontre entre le module ascendant de la Lune et le module à attendre en orbite, en route de retour vers la Terre, était nécessaire. Une tâche déjà accomplie en 2020. Un étendard national chinois a été hissé sur cette face distante. Fabriqué à partir de fibres de basalte pour lui permettre de résister aux conditions extrêmes, les ingénieurs chinois prévoient qu’il pourrait rester en place pendant plus de dix mille ans, une « première » qu’ils espèrent célébrer prochainement.
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