Séguier a fait le choix d’éditer et de publier le « Journal » d’Yves Navarre, accompagné d’une biographie écrite par Frédéric Andrau. Vendu à 29 euros en version papier et 20 euros en version numérique, ce livre se distingue par son double aspect. D’un côté, il offre un essai biographique signé Andrau, et de l’autre, une série d’extraits provenant des journaux intimes que l’auteur a rédigés entre 1971 et 1990, quatre ans avant de mettre fin à ses jours. Navarre, auteur autrefois renommé pour ses nombreux romans et pièces de théâtre, semble aujourd’hui sombré dans l’oubli, bien qu’il continue d’être apprécié par certains lecteurs homosexuels qui admirent son passé militant.
À travers la biographie et le journal d’Yves Navarre, nous est racontée l’histoire d’une époque spécifique, les années 70 et 80. Le parcours de l’auteur, grand amateur de chats sous ses airs mélancoliques de fumeur à moustache élégant, est retracé. Son style d’écriture, à la fois classique et provocateur mais sans effet outré, démontre une fluidité parfois quasi transparente. Le contraste entre son art intemporel et son impression profonde de l’époque pique la curiosité, expliquant en partie l’intérêt porté par son biographe à son œuvre.
Frédéric Andrau révèle qu’à l’origine de son intérêt pour le roman « Le Jardin d’acclimatation » se trouve une prise de conscience survenue lors d’une visite à Paris. Il réalise, avec un sentiment d’urgence, que le titre du roman, aussi nom d’un lieu, est inconnu des nouvelles générations. Le rôle de Navarre, un auteur significatif dans le milieu littéraire et intellectuel, est également tombé dans l’oubli. Andrau se sent donc pressé de faire revivre l’œuvre de Navarre.
Enquêtant sur le journal non-publié de Navarre, Andrau se trouve à Montréal, où l’auteur a laissé ses archives. Ces dernières, réparties dans environ quarante boîtes pesant 80 kilos, se trouvent à la Bibliothèque nationale. Andrau admet que choisir des pièces parmi cette quantité énorme n’a pas été facile. Néanmoins, il a pu établir un récit en se basant sur les événements qui lui semblaient les plus significatifs, autour desquels les fragments pourraient être organisés.
Certains moments clés sont facilement identifiables tout au long du journal, qui semble obstinément consigner une attente imminente, presque sans but, indépendamment des honneurs finalement acquis.
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