Cette dernière semaine a témoigné d’un grand nombre de personnes qui ont sacrifié leurs croyances, leurs partisans et leurs idées pour des raisons insignifiantes. Eric Ciotti, le leader des Républicains, est critiqué par plusieurs autres politiciens et figures importantes de son parti, tels que Valérie Pécresse. Ils l’accusent d’avoir formé une alliance avec le Rassemblement National pour peu de reconnaissance ou de récompense, ironiquement décrite comme « un plat de lentilles ».
Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti Socialiste, est blâmé par le ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, pour avoir sacrifié le prestige gouvernemental du PS pour des récompenses insignifiantes. Cette critique a créé une tendance dans laquelle plusieurs politiques sont accusés de sacrifier leurs principes pour des gains négligeables, à gauche comme à droite.
Maurice Lévy a également utilisé cette phraséologie dans une tribune qu’il a écrite pour Le Monde. Il critique ardemment ceux qui, en dépit de leur amour pour les idéaux démocratiques de figures telles que Jaurès et Blum, ont cédé leurs principes pour se rapprocher de La France Insoumise.
L’expression « pour un plat de lentilles », bien que quelque peu démodée, est revenue sur le devant de la scène. Le Monde a cité cette formule pour la première fois le 3 octobre 1945, dans un article de Rémy Roure. C’était à l’époque où le parti radical est accusé d’avoir abandonné son héritage en échange de récompenses insignifiantes, tandis que le Mouvement Républicain Populaire gagnait en influence sous les feux de la rampe.
Les lentilles étaient omniprésentes dans les articles de presse des années 1950 à 1980, principalement ceux relatifs à la politique (élections) ou à l’économie (négociations syndicales) mais aussi dans ceux portant sur l’actualité internationale. Parfois, elles figurent même dans les titres, comme celui du 14 septembre 1964 : « Treize millions de touristes en 1964 ou l’Espagne pour un plat de lentilles ». L’auteur José-Antonio Novais décrit ici le désenchantement des Espagnols face à l’afflux de visiteurs européens, décrits ironiquement comme des « êtres qui se rôtissent sous le soleil dès le début de l’été ».
Dans cet article, un écrivain interrogé par le reporter se plaint des touristes qui ne s’arrêtent même pas pour respirer, totalement absorbés par leur guide touristique. Un autre déplore même : « Le tourisme est une honte ! Le gouvernement, qui prétend être catholique, troque la morale traditionnelle espagnole contre un plat de lentilles. » Faisant preuve d’ironie, le journaliste du Monde ajoute : « Il faut admettre que les lentilles sont copieuses. Au cours des quatre dernières années, les visiteurs étrangers ont dépensé près de 1 874 millions de dollars et en 1963, les revenus générés par le tourisme ont constitué 98 % de toutes les exportations espagnoles. »
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