Il est 7 heures du soir à Helsinki, ce dimanche 9 juin. L’écran géant au quartier général de l’Alliance de Gauche (UEM) affiche les résultats de l’élection européenne. Vêtue d’une robe rouge ornée de petites fleurs blanches et d’un blazer noir, Li Andersson, âgée de 37 ans, semble être sous le choc. Son parti de gauche radicale prend la seconde place, se plaçant après le Parti de la Coalition Nationale du Premier ministre conservateur, Petteri Orpo, et avant le Parti social-démocrate (SDP), avec 17,3 % des suffrages soit une augmentation de 10,4 points par rapport à 2019. Elle obtient personnellement le plus de votes individuels (un système courant dans les pays nordiques permettant de voter pour les candidats individuels sur chaque liste) et bat le record datant de 1996. Au total, 247 604 Finlandais ont voté pour elle, soit 13,5 % des électeurs. Dans le nord de l’Europe, la dirigeante de l’UEM n’est pas seule : au Danemark, le Parti Populaire Socialiste est arrivé en tête et en Suède, le Parti de Gauche a connu la plus grande progression. Contactée par téléphone à Bruxelles, où elle s’est rendue après l’élection, Li Andersson attribue cette avancée d’une « gauche rouge et verte moderne » à plusieurs facteurs. En premier lieu, elle y voit le triomphe d’une politique qui combine « la lutte pour l’égalité et une meilleure condition de travail avec une politique ambitieuse sur le climat et l’environnement, ainsi que la défense des droits humains, de l’Etat de droit et la solidarité avec l’Ukraine et la Palestine ». Elle offre une perspective sur l’extrême droite au pouvoir.
Li Andersson met en évidence que les électeurs finlandais ont constaté les dommages causés par l’extrême droite au gouvernement. Depuis 2023, la coalition au pouvoir, formée par les conservateurs et le parti des Vrais Finlandais, n’a rien fait pour améliorer les conditions de vie du peuple. Au lieu de cela, elle a instauré des réformes drastiques telles que l’agression du mouvement syndical, la dégradation des conditions de travail et des coupes sévères dans la protection sociale. De plus, ils ont fait un revirement drastique en matière de lutte contre le réchauffement climatique et la protection de l’environnement.
Quelques jours seulement après sa victoire, Li Andersson a été rattrapée par l’actualité. Un incident a eu lieu le 14 juin dans un centre commercial d’Oulu, à l’ouest de la Finlande. Une fille de 12 ans a été attaquée à l’arme blanche par un homme qui, selon la police, l’a ciblée en raison de ses origines étrangères.
L’homme en question a été identifié comme l’un des trois néonazis ayant précédemment agressé un agent de sécurité le 30 janvier 2013, à Jyväskylä, lors d’une lecture publique à laquelle Li Andersson assistait. Elle a réagi à cette récente attaque en soulignant la menace que le racisme et la violence de l’extrême droite représentent pour la Finlande, incitant à la tenue d’un débat national sur la question.
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