Catégories: Actualité
|
23 juin 2024 22 h 09 min

« Guerre Ukraine: Kiev annonce coupures courant »

Partager

Consultez tous nos articles, observations et reportages se rapportant à la guerre qui se déroule en Ukraine. Ces écrits sont produits par Le Monde.

On relève une tendance à la russification et à l’endoctrinement des enfants scolarisés dans les régions occupées ukrainiennes. Nous remarquons également une alliance complexe qui s’établit entre les industriels européens et ukrainiens en matière d’armement. L’industrie ukrainienne de la défense s’expose lors du salon Eurosatory, dévoilant ses points forts ainsi que ses zones d’ombre.

Il est à signaler que la Corée du Sud envisage de soutenir l’Ukraine en lui fournissant des armes. Pendant ce temps, en mer du Nord, la Russie dissimule ses activités d’espionnage en utilisant des bateaux commerciaux. En parallèle, les femmes en Ukraine prennent la relève face à l’absence des hommes pour maintenir l’économie en vie.

Nous vous donnons des réponses éclairées à des questions populaires. Par exemple, comment est-ce que Moscou et Kiev emploient les drones?

D’après une étude récente publiée en mai 2023 par un groupe de réflexion britannique expert sur les sujets de défense, l’utilisation de drones par l’Ukraine et la Russie a connu une expansion sans pareil. Les Ukrainiens perdent approximativement 10 000 drones mensuellement sur le terrain de la guerre, soit plus de 300 drones par jour. En comparaison, l’armée française compte légèrement plus de 3 000 drones.

Les drones principalement utilisés par les Ukrainiens et les Russes sont de petits UAVs d’origine civile, économiques et accessibles en large quantité. Ils sont utilisés pour surveiller le champs de bataille, diriger les troupes ou orienter les tirs d’artillerie. Certains sont même modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont par la suite éjectées sur des tranchées ou des blindés.

Les drones-kamikazes, bien que moins nombreux, ont un rôle majeur dans la guerre. Ces UAV, équipés d’un explosive, sont envoyés sans objectif préétabli au-dessus de la ligne de front. De leur côté, la Russie fait appel aux drones russes Lancet-3 et aux Shahed-136, construits en Iran. Face à l’absence d’une flotte de guerre adéquate, l’Ukraine provoque son adversaire en utilisant des véhicules marins télécommandés, de petits kayaks chargés d’explosifs (450 kilos de TNT).

Les drones sont devenus si importants dans les opérations de guerre que les Ukrainiens et les Russes ont instauré des moyens pour fournir leurs troupes au long terme. Ils ont massivement acheté des drones civils disponibles sur le marché, et ont également développé des capacités de production internes. Démarrant doucement depuis le début de la guerre du Donbass il y a dix ans, l’industrie nationale ukrainienne a depuis connu une montée en puissance. Vers la fin du mois d’août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a révélé qu’une réplique du drone russe Lancet sera bientôt mise en service sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Néanmoins, la Russie fait face à des défis à cause des sanctions occidentales qui restreignent son accès aux composants électroniques. Quoique, d’après les services de renseignement américains, Moscou aurait commencé la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour la production des drones-kamikazes de type iranien tels que les Shahed-136.

En ce qui concerne les stocks de missiles russes, les renseignements sont très vagues, voire inaccessibles. Les services de renseignements ukrainiens fournissent périodiquement des informations à ce sujet, mais la fiabilité de leurs estimations reste douteuse.

D’après Andri Ioussov, représentant du Directoire du renseignement de la défense (GUR), cité par Liga.net, l’armée russe possédait près de 2 300 missiles, balistiques ou de croisière avant le déclenchement de la guerre. À ce chiffre s’ajoutait plus de 900 missiles en début d’année. Le porte-parole du GUR a également mentionné la présence de dizaines de milliers de missiles antiaériens S-300, ayant une portée de 120 kilomètres, ainsi que d’un grand réservoir de S-400, une version plus récente qui a une portée trois fois supérieure. En août, le sous-directeur du GUR, Vadym Skibitsky, citait un total de 585 missiles ayant une portée de plus de 500 kilomètres.

Quant à la capacité de production, plusieurs experts avancent qu’elle aurait augmenté à environ 100 missiles, balistiques ou de croisière, par mois. En octobre, cette production était estimée à 115 unités par le GUR.

La Russie aurait également acheté des missiles à courte portée en Iran et en Corée du Nord et continuerait de le faire. L’agence Reuters informe, citant des sources en Iran, que 400 missiles iraniens de la famille Fateh-110 (portée de 300 à 700 kilomètres) auraient été livrés à la Russie depuis janvier, suite à un accord. Le nombre exact de missiles nord-coréens acquis par la Russie n’est pas connu, mais 24 d’entre eux ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. Selon l’analyse des débris et des trajectoires par des experts, il semble probable que ce soit des missiles KN-23 et KN-24 avec une portée aux alentours de 400 kilomètres.

Le texte original n’a pas apporté d’information sur les avions de combat F-16.

En août 2023, les États-Unis ont accepté la requête de longue date du président ukrainien pour le transfert de F-16s de combats à l’Ukraine. Bien qu’il y ait plus de 300 de ces avions de guerre répartis dans neuf pays européens – dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal – tous ces pays ne sont pas en position de les céder immédiatement.

Le chiffre de 42 F-16 promis à Kiev par les alliés occidentaux, mentionné par le président Volodymyr Zelensky, n’a pas été confirmé. Le premier ministre danois, Mette Frederiksen, a promis 19 avions à l’Ukraine, dont les six premiers n’arriveront pas avant fin 2023, huit autres en 2024, et les derniers cinq en 2025. Les Pays-Bas ont également promis des avions à l’Ukraine, sans préciser le nombre qu’ils prévoient de donner.

L’OTAN a souligné la nécessité de former les pilotes ukrainiens à l’usage de ces avions de combat américains. Onze pays alliés de l’Ukraine ont promis de s’occuper de cette formation. Selon l’OTAN, les soldats ukrainiens ne seront prêts à utiliser ces avions en combat qu’au début de 2024, tandis que d’autres experts estiment que ce sera plutôt durant l’été de la même année.

La question est donc de savoir quelle aide militaire les alliés de l’Ukraine sont en mesure de fournir à Kiev.

Deux ans après les premiers éclats de la guerre massive, le soutien occidental à Kiev semble diminuer en dynamisme. Selon le dernier rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024, les nouveaux engagements d’aide ont chuté entre août 2023 et janvier 2024 par rapport à la même période de l’année précédente. Cette tendance pourrait se prolonger, avec le Sénat américain et l’Union européenne (UE) luttant pour voter des aides. À noter que l’UE a rencontré des difficultés majeures pour adopter une aide de 50 milliards le 1er février 2024, en raison de l’opposition de la Hongrie. Il convient de souligner que ces deux paquets d’aide ne sont pas encore comptabilisés dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, arrêté en janvier 2024.

Les données du think-tank allemand indiquent une réduction du nombre de donateurs et une concentration autour d’un groupe de pays clés : les États-Unis, l’Allemagne, et les pays du nord et de l’est de l’Europe, qui proposent une aide financière importante et du matériel militaire avancé. Depuis février 2022, les nations soutenant Kiev ont promis au moins 276 milliards d’euros en aide militaire, financière, ou humanitaire.

En termes absolus, les pays les plus prospères ont été les plus généreux. Les États-Unis sont de loin le plus grand donateur, avec plus de 75 milliards d’euros promis, dont 46,3 milliards en aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont promis des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides mutuelles provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), soit un total de 158,1 milliards d’euros.

Lorsque les contributions sont mesurées en proportion du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, le classement évolue. Les États-Unis, en particulier, descendent au vingtième rang, représentant 0,32 % de leur PIB, ce qui est largement inférieur à d’autres pays proches de l’Ukraine ou à d’anciennes républiques soviétiques amies. La première place pour les contributions proportionnelles au PIB est attribuée à l’Estonie, avec 3,55 %, suivie par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %), complètent le top 5. Les trois États baltes, qui ont tous des frontières avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, sont parmi les donateurs les plus libéraux depuis le début du conflit.
Quant à la France, elle occupe la vingt-septième place dans le classement du pourcentage du PIB, ayant engagé 0,07 % de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09 %). La contribution de la France a constamment diminué depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – en avril 2023, la France était vingt-quatrième et treizième à l’été 2022.
Qu’en est-il des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Il y a depuis quelques mois une tension considérable entre l’Ukraine et la Pologne, principalement due au transit de céréales venant d’Ukraine. À l’origine, la Commission européenne avait mis en œuvre des « routes de solidarité » au printemps 2022, facilitant l’exportation et la vente de produits agricoles ukrainiens, exemptés de taxes douanières, vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Toutefois, selon la Fondation Farm, un groupe de réflexion qui se concentre sur les problèmes agricoles mondiaux, près de la moitié des céréales ukrainiennes passent par, ou terminent leur voyage dans l’Union européenne (UE) depuis le début de la dispute. De plus, le prix de ces céréales est largement inférieur à celui du blé européen, spécifiquement dans les pays d’Europe centrale.

Convaincus que ces importations de céréales déstabilisent leur marché local et menacent les revenus de leurs agriculteurs, des pays comme la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont décidé de bloquer unilatéralement leurs importations en avril 2023. Bruxelles a néanmoins accepté cet embargo, à condition qu’il ne perturbe pas le transit vers d’autres pays et qu’il ne dure pas plus de quatre mois. Cependant, à la fin de l’été, Varsovie a choisi de ne pas rouvrir sa frontière aux importations de céréales provenant d’Ukraine, affirmant que le problème initial n’avait pas été résolu, malgré l’opinion de Bruxelles, qui estimait que l’embargo n’était plus nécessaire puisque ses analyses indiquaient qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux pour les céréales.

Pour mettre un frein à l’entrée des camions en provenance de l’Ukraine sur leur sol national, les fermiers polonais ont établi un blocus à la frontière ukraino-polonaise. Ces derniers revendiquent un « embargo total » sur les marchandises agricoles et alimentaires ukrainiennes, soulignant l’augmentation massive de leurs charges de production alors que les prix touchent le fond et que leurs silos et entrepôts sont débordés. Le chef de l’Etat ukrainien a déclaré début 2024 que ce siège de la frontière polonaise signalait « l’affaiblissement de la solidarité » à l’égard de son pays, et a demandé des discussions avec la Pologne. « C’est seulement Moscou qui se réjouit » de cette tension, a-t-il ajouté, en critiquant « l’émergence de slogans clairement favorables à Poutine ».