Kamil Zihnioglu, un photographe natif de Paris avec des origines germano-syriennes du côté de sa mère et turques du côté de son père, s’est installé en Corse à la fin de l’année 2020. Il se considère comme étant « le fils de nulle part », un rôle qu’il a assumé grâce à la Corse, qui l’a accueilli et lui a permis de développer ses racines. Il a récemment publié un livre de photographie intitulé « Intraccià » avec Saetta, une nouvelle maison d’édition qu’il a cofondée. De plus, sa collection de photos est exposée à Bastia du 12 juin au 12 juillet.
Zihnioglu exprime son amour pour son nouvel environnement en Corse, une affection qui pourrait être comparée à celle des insulaires de la région, en dépit du fait qu’il soit un pinzutu, une personne non originaire de Corse. Sa conception de lui-même comme le « fils de nulle part » est un thème central que l’on peut explorer dans son travail photographique. En langue corse, « intraccià » signifie « à la recherche des racines », un terme traditionnellement utilisé pour décrire les sangliers ou les porcs déterrant et détruisant des terres entières avec leurs museaux et leurs défenses. C’est une métaphore de la manière dont Zihnioglu a été absorbé par la Corse, son travail photographique laissant parfois présager qu’il est littéralement englouti par l’île.
La philosophe et académicienne Barbara Cassin, qui est elle-même une insulaire d’adoption, a écrit dans son livre « La Nostalgie » qu’elle ne se sent pas vraiment chez elle, bien qu’elle se sente à sa place en Corse. Elle attribue ce sentiment d’appartenance à l’absence de racines, qui lui donne la liberté d’être elle-même et de se déraciner. Cet état d’esprit est également vrai pour le photojournaliste Zihnioglu, qui s’est volontairement perdu dans un monde inconnu et qui est cependant rapidement devenu un habitué des lieux.
Kamil Zihnioglu, après avoir couvert le dernier mandat de François Hollande pour Associated Press (AP) et Sipa, a eu l’occasion unique de découvrir la Corse pendant l’hiver. En décembre 2020, il a déménagé à Porto-Vecchio, une petite localité située au sud extrême de l’île. Sur l’île, les noms des villes et des villages sont maintenant corisés, une tendance qui se reflète également dans le journal Corse-Matin.
Sur la Corse, où près d’un tiers des maisons sont résidences secondaires, le nationalisme est prédominant. L’hiver y est une période de récession après un été où la population de l’île multiplie par trois. C’est le moment avant le printemps, où la nature éclate en un kaléidoscope de floraison, et où on peut entendre dans les rues le travail des outils, préparant les terrasses, les paillotes et les cabines pour la haute saison. C’est pendant ces mois creux que l’île montre une autre facette de son personnalité, loin des hordes de touristes. Il reste encore 31.92% de cet article à lire, destiné uniquement aux abonnés.
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