Alain Damasio, célèbre écrivain, a décidé il y a deux ans de s’installer dans les Alpes-de-Haute-Provence avec sa partenaire, leurs deux filles et quatre autres adultes pour créer un lieu dédié à l’écologie, nommé l’Ecole des Vivants. C’est un lieu où se déroulent différentes activités agricoles et de multiples ateliers de formation. Ses filles adolescentes, âgées de 13 et 16 ans, considèrent cet environnement comme enrichissant même si elles sont débordées par le nombre de personnes qui viennent pour les stages de cirque, les ateliers d’écriture ou les résidences en immersion et notamment l’atelier prévu en octobre sur le thème de « Habiter en oiseau ».
Malgré le cadre naturel de leurs vies actuelles, Damasio, qui est un auteur de science-fiction, a révélé dans son dernier livre, « Vallée du Silicium », paru en avril, qu’il se sentait préoccupé par le fait que même dans un cadre naturel à 1 300 mètres d’altitude, il ne peut empêcher ses filles d’être absorbées par leurs écrans. Il décrit dans son livre son expérience à San Francisco et explique que ses filles « vivent déjà dans la Silicon Valley sans le savoir ».
Lorsqu’on lui demande quand il s’est senti devenir père pour la première fois, il répond que c’était au moment où il a déclaré à sa compagne son désir de fonder une famille avec elle. Il précise qu’il avait eu le sentiment qu’elle était la bonne personne avec qui partager la parentalité. Quant à la question s’il a déjà pleuré devant ses filles, il répond que oui, il l’a fait plusieurs fois, souvent en regardant des films sentimentaux avec elles; il s’immersait dans l’histoire en adoptant leur point de vue.
Je n’ai jamais eu l’intention de prononcer des paroles graves. Cependant, un jour en conduisant, j’ai fini par me retrouver coincé dans un champ et j’ai dit à mes filles quelque chose du genre « ne pouvez-vous pas bouger un peu ? ». Elles ont immédiatement réagi en me disant que je ne devrais pas leur parler de cette manière. Elles n’ont pas succombé à ma remarque, ce que je trouve très bien.
Quelle est la pire chose qu’elles vous aient dite?
C’était lors d’un anniversaire ou de la Fête des Pères. Ma fille aînée a déclaré : « Alors, nous ne te voyons pas souvent cette année, j’espère que nous te verrons plus souvent… ». Je n’avais pas réalisé cela. Je me croyais présent parce que mes filles sont toujours dans mes pensées. Par ailleurs, une autre fois, je me suis plaint qu’il n’y avait rien à manger à la maison (comme nous vivons dans un écolieu, nous avons beaucoup de responsabilités et par conséquent moins de temps pour cuisiner qu’auparavant). Naturellement, ma compagne a réagi, je me suis énervé, et ma fille m’a retourné en disant : « Ce que tu dis est totalement sexiste! ». Ces critiques sont difficiles à entendre, mais c’est fantastique de voir les enfants gagner en maturité et en perspective.
Il vous reste encore 75.39% de cet article à consulter. La suite est réservée aux abonnés.