Plus tôt cette semaine, plus de deux cents personnalités influentes du web français ont publié une tribune sur le site du Club de Mediapart, appelant à se prononcer contre le Rassemblement national et en faveur du Nouveau Front populaire lors des prochaines élections législatives, le 30 juin et le 7 juillet. La déclaration, qui était claire et sans équivoque, a suivi une autre tribune que le Nouvel Obs avait publiée, ainsi que plusieurs avis de divers créateurs de contenu qui sont apparus au cours des deux dernières semaines, comme Lena Situations, Arkunir, Grimkujow, Charlie Danger, Noholita, Natoo et Squeezie. C’est un phénomène sans précédent pour Marine Périn de la chaîne YouTube Marinette, qui a aussi signé la tribune du Club de Mediapart.
Autrefois, il n’était pas rare que ces créateurs de contenu prennent une position politique, comme lorsqu’ils se sont prononcés contre l’action militaire israélienne à Rafah ou lors des manifestations de la réforme des retraites. Stéphanie Lukasik, une experte élue au Conseil de l’Europe sur l’autonomisation des créateurs de contenu et une conférencière à l’université d’Aix-Marseille, rappelle qu’EnjoyPhoenix avait même encouragé les votes lors de l’élection présidentielle de 2017, sans donner de dirction spécifique mais plutôt en voulant encourager la jeunesse à voter.
On assiste tout de même à une évolution considérable : des influenceurs qui étaient généralement réservés sur les thèmes d’actualité, comme Paola Locatelli, Mister V ou Ava Mind, ont en effet décidé de briser leur silence cette fois-ci.
Selon diverses personnalités, le calendrier adopté par Emmanuel Macron est en faute. Valentin, cofondateur de la chaîne YouTube Stupid Economics et signataire de la tribune du Club de Mediapart, pense qu’ils sont en situation d’urgence. Il croit qu’ils sont privés du temps nécessaire pour discuter et vraiment combattre les idées du RN, leur seule option est donc de voter.
Cependant, la considération principale pour les influenceurs est la prise de conscience de leur pouvoir de persuasion, particulièrement auprès de la population jeune qui s’abstient majoritairement de voter (60% des inscrits âgés de 18 à 24 ans n’ont pas voté lors des élections européennes). « L’engagement a toujours été présent, mais le médium de propagation a évolué: les influenceurs sont beaucoup plus entendus qu’auparavant », selon Rubben Chiche, cofondateur et directeur de Follow Agency, une agence de marketing dédiée à l’influence.
Il reste encore 76.65% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.