Le texte suivant est une reformulation du billet tiré du bulletin d’information « Chaleur humaine », qui est expédié tous les mardis midi. Chaque semaine, Nabil Wakim, le journaliste qui présente le podcast Chaleur Humaine, répond à des interrogations relatives au défi climatique posées par les internautes. Vous avez la possibilité de vous abonner sans frais en cliquant ici.
Voici la question de la semaine
« J’ai suivi l’épisode sur l’hydrogène dans lequel vous interviewiez Inès Bouacida. Vous avez rapidement évité la question de l’hydrogène naturel. Quelle est la situation concernant ses réserves ? Quel potentiel peut-on en déduire ? » C’est une question posée par Stéphanie dans le département des Bouches-du-Rhône, adressée par courriel à chaleurhumaine@lemonde.fr
Voici ma réponse : Il n’est pas très raisonnable de compter sur l’hydrogène naturel pour la transition nécessaire d’ici 2050. Bien que ce gaz existe à l’état naturel, haute est la difficulté de l’exploiter de manière massive car ni les infrastructures, ni les forages à grande échelle ne sont disponibles. Les recherches se poursuivent, mais le résultat est encore incertain pour les quinze prochaines années, au minimum.
1/De quoi s’agit-il ?
L’hydrogène naturel, souvent désigné comme « natif » ou « blanc », est un hydrogène présent dans la nature et qui peut être utilisé sans transformation préalable. Selon l’explication de l’épisode de « Chaleur humaine », le volume majoritaire de l’hydrogène utilisé dans l’industrie est obtenu à partir de gaz ou de charbon, ce qui émet beaucoup de gaz à effet de serre. Plusieurs pays, y compris la France, investissent dans la production d’hydrogène à partir d’énergie renouvelable ou nucléaire pour obtenir un hydrogène qui n’a aucun impact sur le changement climatique. Cependant, cette production est onéreuse et nécessite une énorme quantité d’énergie.
Les experts en géologie ont pris conscience depuis des années de l’existence naturelle de l’hydrogène. Au Mali, par exemple, une petite production d’hydrogène est utilisée pour alimenter une station électrique, bien que cet exemple semble être assez unique et difficile à reproduire. Si une production d’hydrogène à grande échelle était possible, similaire à celle du pétrole ou du gaz naturel actuellement, elle pourrait avoir un impact significatif sur la transition climatique. Elle pourrait servir l’industrie, alimenter les trains et les bateaux, et même servir à stocker de l’électricité. Cependant, cela reste en grande partie une idée théorique, car nous en sommes encore loin dans la réalité.
Alors, pourquoi n’exploitons-nous pas cette ressource? Tout d’abord, il n’y a pas de forage existant qui nous permettrait de déterminer les ressources potentielles d’hydrogène. En d’autres termes, nous n’avons pas d’informations fiables sur la quantité d’hydrogène naturel disponible. « Il n’y a aucune preuve d’existence de réserves, c’est-à-dire d’hydrogène que nous pourrions exploiter et utiliser commercialement », a fait remarquer Laurent Truche, un universitaire et chercheur en géochimie à l’Institut des sciences de la terre à l’université de Grenoble Alpes. Des permis ont été accordés ces dernières années pour accélérer les recherches dans différents pays, y compris dans l’est de la France, mais cette idée demeure largement théorique.
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