Catégories: Actualité
|
22 juin 2024 2 h 12 min

« Direct: Dernières informations guerre Ukraine »

Partager

Pierre Bouvier, Romain Del Bello, Charlotte Herzog, Jean-Philippe Lefief, Marie Pouzadoux, Louise Vallée et Cécile Bouanchaud ont tous participé à cette séance en direct. Pour en savoir plus concernant la guerre en Ukraine, nos articles, analyses et reportages sont à votre disposition.

Actuellement, la Suisse est l’hôte d’une conférence visant à encourager un futur processus de paix en Ukraine. De plus, il semblerait que les violences sexuelles fassent partie des tactiques de guerre en Ukraine, où on note une tendance alarmante des agresseurs à justifier leurs actes par le désir d’empêcher les victimes de procréer.

Les nations du G7 ont pris la décision d’amplifier leur soutien à l’Ukraine, en utilisant les fonds russes gelés à cet effet. Vadym Tcherni, un officier ukrainien, souligne cependant le besoin urgent de soldats supplémentaires pour maintenir la ligne de front.

Bidzina Ivanichvili, souvent considéré comme le jouet de Poutine, a joué un rôle crucial dans le basculement de la Géorgie. L’armée ukrainienne pourrait tirer avantage des Mirage 2000-5 promis par le président français, Emmanuel Macron. Deux ukrainiens, Olga et Sasha, expriment leur tristesse et le sentiment que l’Ukraine doit avant tout compter sur ses propres forces.

Par ailleurs, comment la Russie et l’Ukraine utilisent-elles des drones dans cette guerre? Ces derniers mois, le conflit des drones entre ces deux pays a atteint une échelle sans précédent. Un rapport britannique de mai 2023 affirme que les ukrainiens voient environ 10000 de leurs drones détruits chaque mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. En comparaison, l’arsenal de l’armée française compte un peu plus de 3000 drones.

Les Ukrainiens et les Russes emploient des drones non militaires de petite taille, qui sont à la fois abordables et facilement disponibles. Ces drones sont utilisés pour la surveillance du champ de bataille, pour guider les forces sur le terrain et pour diriger les frappes d’artillerie. Certains sont également adaptés pour transporter de petites charges explosives qui peuvent être lâchées sur les tranchées ou les véhicules blindés.

Malgré leur nombre réduit, les drones kamikazes jouent un rôle crucial. Ces drones, équipés de charges explosives sont lancés au-dessus de la ligne de front sans mission prédéterminée. La Russie utilise des drones Lancet-3 de fabrication locale, ainsi que des Shahed-136 fabriqués en Iran. L’Ukraine, qui ne disposant pas d’arsenal maritime significatif, a recours à des navires sans pilote, des petits kayaks télécommandés remplis d’explosifs (450 kilos de TNT).

Les deux pays, conscients de l’importance des drones pour leurs opérations, se sont tenus prêts à approvisionner leurs troupes sur le long terme, en faisant massivement l’acquisition de drones civils sur le marché, et en développant leur propres capacités de production. La production nationale ukrainienne, bien que novice au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, a depuis progressé. Le ministre de la transformation numérique de l’Ukraine a révélé fin août qu’une réplique du drone russe Lancet avait été conçue et serait bientôt déployée sous le nom de Peroun, en référence au dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Malgré les sanctions occidentales entravant son accès aux composants électroniques, la Russie semble persévérer. D’après la CIA, la Russie aurait commencé à bâtir une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga, où elle prévoit de produire des drones kamikazes d’origine iranienne, tels que les Shahed-136.

La quantité de missiles que détient le pays russe demeure un mystère. Les services de renseignement ukrainiens fournissent régulièrement des informations à ce sujet, mais ces dernières sont souvent remises en question. D’après des déclarations faites par Andri Ioussov, représentant de la direction du renseignement du Ministère de la Défense (GUR), sur Liga.net, l’armée russe aurait possédé 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant la guerre, et plus de 900 étaient toujours en sa possession au début de l’année. Selon lui, l’armée disposerait également de dix-mille missiles antiaériens S-300, avec une portée approximative de 120 kilomètres, et un grand nombre de S-400, une mise à jour plus récente avec une portée trois fois plus grande. En août, Vadym Skibitsky, second du GUR, a annoncé que le pays avait 585 missiles avec une portée supérieure à 500 kilomètres.

En termes de capacité de production, il semblerait que la Russie soit capable de produire cent missiles balistiques ou de croisière chaque mois, selon plusieurs experts. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

Selon les informations rapportées par Reuters, la Russie aurait acquis des missiles à courte portée provenant de l’Iran et de la Corée du Nord, et continuerait à se les procurer. Depuis janvier, lorsque un accord présumé a été signé, environ 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) auraient été livrés à la Russie. Il n’est pas clair combien de missiles provenant de la Corée du Nord ont été obtenus par la Russie, cependant on sait que 24 ont été utilisés en Ukraine entre le 30 Décembre 2023 et le 7 Février 2024. Cela a été confirmé par le procureur général, Andriy Kostin. Suite à l’analyse des débris et des trajectoires par des experts, il se pourrait que ces missiles soient des modèles KN-23 et KN-24, avec une portée approximative de 400 kilomètres.

A propos des avions de combat F-16, les États-Unis ont répondu favorablement en août 2023 à la demande de longue date du président ukrainien pour un transfert de ces aéronefs vers l’Ukraine. Bien que plus de 300 de ces avions se trouvent dans neuf pays européens dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, tous ces pays ne sont pas capables de les céder immédiatement.

Le président Volodymyr Zelensky avait mentionné que 42 F-16 étaient promis par les alliés occidentaux à Kiev, mais ce chiffre reste à confirmer. Le Danemark en aurait promis 19, avec les 6 premiers avions qui ne seraient pas livrés avant la fin de 2023, suivis de 8 autres en 2024, et les 5 derniers en 2025, comme l’a annoncé la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Bien que les Pays-Bas aient également promis des F-16 à l’Ukraine, le nombre précis qu’ils comptent donner n’a pas encore été spécifié. Ils disposent de 42 unités en tout.

Les pilotes ukrainiens sont tenus de recevoir une formation vis-à-vis des jets de combat américains. En tout, onze nations associées à Kiev ont assuré la formation des pilotes. L’OTAN envisage que les militaires ukrainiens seront aptes à manipuler ces avions pour les combats seulement début 2024, tandis que d’autres experts estiment la capacité opérationnelle pour l’été de la même année.

Quel type d’aide militaire est fourni à Kiev par ses alliés ?

Suite au déclenchement du conflit de grande envergure, l’assistance occidentale à Kiev montre des signes d’essoufflement. Les aides récemment promise présentent une diminution de la période d’août 2023 à janvier 2024 comparée à celle de l’année d’avant, d’après le rapport le plus récent de l’Institut Kiel, présenté en février 2024. Cette tendance pourrait se prolonger. Le Sénat américain fait face à des difficultés pour approuver des aides tandis que l’Union Européenne a réussi d’adopter une aide de 50 milliards le 1er février 2024 uniquement suite à des obstacles hongrois. Il convient de signaler que ces deux bundles d’aides ne sont pas encore pris en compte dans le dernier rapport de l’Institut Kiel, qui ne couvre que jusqu’à janvier 2024.

L’Institut allemand a dévoilé que le nombre de donataires a diminué et se recentre autour d’un groupe central de nations: les États-Unis, l’Allemagne, l’Europe du nord et de l’est, tous promettant à la fois une aide financière significative et des armes de pointe. Au total, depuis février 2022, les pays apportant leur soutien à Kiev se sont engagés à contribuer à hauteur de 276 milliards d’euros minimum en soutien militaire, financier ou humanitaire.

Les nations les plus prospères ont prouvé leur générosité en termes d’aide financière. Les États-Unis se distinguent comme les plus grands bailleurs de fonds, ayant promis plus de 75 milliards d’euros, dont 46,3 milliards consacrés à l’assistance militaire. Les pays de l’Union Européenne ont également promis des assistances bilatérales à hauteur de 64,86 milliards d’euros et des assistances mutualisées des fonds de l’Union Européenne à hauteur de 93,25 milliards d’euros, soit un total de 158,1 milliards d’euros.

Cependant, le tableau change lorsqu’on compare ces dons au Produit Intérieur Brut (PIB) de chaque pays donateur. Les États-Unis tombent alors à la vingtième place (0,32% de leur PIB), nettement après des pays voisins de l’Ukraine ou d’anciens territoires soviétiques amicaux. L’Estonie domine le montant des aides en pourcentage du PIB avec 3,55%, suivie par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). La Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%) complètent le top 5. Les trois Etats baltes, qui partagent tous des frontières avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, sont parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.

Quant au pourcentage du PIB, la France se retrouve au vingt-septième rang, s’engageant avec 0,07% de son PIB, un peu en dessous de la Grèce (0,09%). L’aide fournie par Paris a continué de diminuer depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La France occupait la vingt-quatrième place en avril 2023 et la treizième place à l’été 2022.

Qu’en est-il des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne?

Il y a eu des tensions entre l’Ukraine et la Pologne ces derniers mois, principalement en raison du transit des grains ukrainiens. Au printemps 2022, la Commission européenne avait établi des « voies de solidarité » permettant l’exportation et la vente sans frais de douanes des produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Cependant, selon la Fondation Farm, une organisation qui se concentre sur les questions agricoles mondiales, près de la moitié des céréales ukrainiennes se rendent ou finissent leur trajet dans l’Union européenne (UE). Le fait que ces grains soient vendus à un prix plus bas que le blé européen, surtout celui d’Europe centrale, est sources de tensions.

La Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie, déclarant que ces céréales déstabilisent leur marché local et menacent le revenu des agriculteurs locaux, ont décidé de bloquer leurs importations en avril 2023. Bruxelles a accepté cet embargo à condition qu’il n’entrave pas le transit vers d’autres pays et qu’il ne dure que quatre mois. Cependant, Varsovie a refusé de lever l’embargo sur les céréales ukrainiennes à la fin de l’été, malgré le fait que Bruxelles estime que cet embargo n’est plus nécessaire, car ses études démontrent qu’il n’y a plus de distorsion des marchés nationaux de céréales.

Des agriculteurs en Pologne ont érigé des barrages à la frontière polono-ukrainienne, visant à interdire l’accès des camions ukrainiens à leur pays. Ils exigent une interdiction totale des produits agricoles et alimentaires en provenance d’Ukraine. Ces agriculteurs sont sous pression en raison de l’augmentation de leurs dépenses de production et l’engorgement de leurs silos et entrepôts, tout en étant confrontés à des prix en chute libre. Ayant observé ces manifestations en 2024, le président ukrainien a exprimé son inquiétude quant à la détérioration de la solidarité envers l’Ukraine et a sollicité des discussions avec la Pologne. Il a déclaré que ces frictions ne profitaient qu’à Moscou et a dénoncé l’émergence de slogans favorables à Poutine.