Emilie Dequenne est troublée. Son point de couture qui maintient son col en place vient de se défaire. « On va me prendre pour une dévote ! », s’exclame-t-elle tout en cherchant une alternative, assise à une table à Chai 33 dans Bercy Village. Même si Emilie n’a visité le centre commercial qu’une seule fois pour acheter de la nourriture pour ses chats, elle l’a choisi pour sa proximité avec l’UGC Ciné Cité. En effet, ce dernier va projeter en avant-première ce mardi 18 juin, son film récent, Survivre, dirigé par Frédéric Jardin.
L’intrigue du film tourne autour de l’inversion des pôles magnétiques terrestres qui entraîne le retrait des océans et le naufrage à sec d’une famille en croisière. Combinaison d’une histoire intime et d’un dispositif conceptuel, ce fascinant petit film d’aventure apocalyptique, dans lequel Emilie est assaillie par des crabes, doit énormément à la vigueur et à la résistance de ses acteurs. « J’ai eu le nez cassé lors d’une scène de bagarre, j’ai dû accéder au décor à l’aide d’une ligne de vie, j’ai été attachée par les pieds à un câble dans la mer… », énumère Emilie. « C’est de loin mon film le plus exigeant physiquement depuis La Fille du RER (2009), où André Téchiné m’avait demandé de perdre du poids et d’apprendre à faire du roller. »
Emilie Dequenne, qui se bat contre un corticosurrénalome, un type de cancer des glandes surrénales, a fait une réapparition remarquée lors du Festival de Cannes en mai, après une longue lutte contre la maladie. Arborant une chevelure courte et de longs cils dans un style « poo-poo-pee-doo », elle était vêtue d’une robe longue en broderie anglaise, symbole de sa volonté de surmonter les moments difficiles. Parlant ouvertement de sa maladie lors de son apparition, elle déclare que cette transparence fonctionne pour elle comme une thérapie, même si cela cause du malaise à sa mère, qui a du mal à répondre aux interrogations des gens. Emilie souligne que son rétablissement est toujours en cours, dépeignant son mal comme un cancer chronique qui peut revenir de manière intermittente. « Un scénario cauchemardesque » dit-elle.
Ses yeux deviennent brumeux et elle se tourne vers Milla, sa fille de 22 ans, à qui incombe la tâche de la préparer pour une séance photo en soirée. Milla, ayant obtenu son diplôme d’une école de maquillage, a mis son année universitaire en pause pour soutenir sa mère pendant ses sessions de chimiothérapie. Récemment, mère et fille ont commencé à collaborer, même si Milla sourit doucement en disant qu’elle ne souhaite pas devenir la maquilleuse attitrée de sa mère. Sa mère, de son côté, l’incite à retrouver sa voix et sa guitare, à donner des concerts. « Il faut la voir en scène, c’est époustouflant… Elle a fait du vieil iPod que je lui ai légué son terrain de jeu musical », se rappelle-t-elle fièrement. Cependant, elle est confrontée à un défi: choisir une boisson sans alcool dans un bar spécialisé dans le vin. « Cela n’est pas interdit, mais mon traitement chimiothérapique est déjà suffisamment toxique pour mon foie. C’est comme une chimiothérapie orale, » explique-t-elle. Elle finit par opter pour l’un des trois mocktails disponibles : le Soleil Vert. La suite de l’article est réservée aux abonnés. Une portion de 63.73% de l’article n’a pas encore été lue.
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