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« Vingt-Sept confirment négociations avec Ukraine, Moldavie »

Plusieurs personnes ont animé ce live : Charlotte Herzog, Pierre Bouvier, Romain Del Bello, Cécile Bouanchaud, Louise Vallée, Marie Pouzadoux et Jean-Philippe Lefief.
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Comment utilisent Moscou et Kiev les drones ?
Depuis des mois, la guerre des drones intensifie entre la Russie et l’Ukraine. D’après une étude parue en mai 2023 par un think tank britannique spécialisé en défense, les Ukrainiens perdent environ 10 000 drones mensuellement soit plus de 300 drones par jour. En contraste, l’armée française possède uniquement plus de 3 000 engins télépilotés dans sa collection.

Dans le contexte militaire, les Russes et les Ukrainiens font grand usage de petits UAV (véhicules aériens sans pilote), généralement d’origine civile, abondamment disponibles et économiques. Leur fonction principale est de surveiller la zone de combat et de diriger les troupes ou les tirs d’artillerie. Par ailleurs, certains sont bricolés pour transporter des petites charges explosives qui sont larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Bien que plus rares, les drones-suicides jouent aussi un rôle important. Ils sont chargés d’explosifs et sont déployés au-dessus de la ligne de front sans objectif prédéterminé. Pour cela, Moscou déploie des drones russes Lancet-3 ainsi que des Shahed-136, de fabrication iranienne. L’Ukraine, n’ayant pas une flotte militaire parée pour la guerre, défie l’ennemi avec des véhicules navals sans pilote, des petits kayaks commandés à distance et chargés d’explosifs (450 kilos de TNT).

Reflétant l’importance cruciale des drones dans leurs opérations, les forces russes et ukrainiennes ont organisé la logistique pour fournir leurs troupes sur le long terme, non seulement en achetant en quantité des drones civils sur le marché, mais également en développant leur propre capacité de production. Alors que l’industrie ukrainienne était encore à ses balbutiements au début de la guerre du Donbass déclenchée il y a une décennie, elle s’est depuis lors fortement développée. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé que la production d’une copie du drone russe Lancet allait bientôt commencer, sous la dénomination de Peroun, du nom du dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Les sanctions occidentales ont handicapé la Russie en entravant son approvisionnement en composants électroniques. Cependant, les agences de renseignement américaines rapportent que Moscou a commencé à bâtir une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour produire des drones kamikazes de conception iranienne, tels que les Shahed-136.

Difficile à établir, le nombre précis de missiles en possession de la Russie reste incertain. Les rapports de renseignement ukrainiens fournissent régulièrement des informations à ce sujet, mais leur fiabilité n’est pas garantie. Andri Ioussov, porte-parole de la direction générale du renseignement du ministère de la défense (GUR), cité par Liga.net, évoquait que l’armée russe possédait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant la guerre, avec plus de 900 restants en début d’année. En addition, il mentionnait des dizaines de milliers de missiles antiaériens S-300, ainsi qu’un grand stock de S-400, une version plus récente avec une portée trois fois plus longue. Vadym Skibitsky, le numéro deux du GUR, a cité en août le chiffre de 585 missiles avec une portée supérieure à 500 kilomètres.

En termes de capacité de production, elle se situerait aujourd’hui autour d’une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, selon plusieurs experts. Le GUR, en octobre, estimait cette production à 115 exemplaires.

Selon les informations obtenues, la Russie aurait acquis des missiles de courte distance depuis l’Iran et la Corée du Nord, et ce processus d’acquisition continuerait. Reuters, faisant référence à de multiples sources iraniennes, rapporte que 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (d’une portée de 300 à 700 kilomètres), ont été livrés à la Russie depuis janvier, moment où un accord a été apparemment conclu. Le nombre de missiles nord-coréens acquis par la Russie reste incertain, mais 24 missiles ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, indique le procureur général, Andriy Kostin. D’après l’analyse des experts sur les débris et les trajectoires, ces missiles sont probablement des KN-23 et KN-24, avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Les avions de combat F-16 ont également été une question de préoccupation. Suite à une demande de longue date du président ukrainien, en août 2023, les États-Unis ont approuvé le transfert des F-16 à l’Ukraine. Bien qu’il y ait une flotte potentielle de plus de 300 F-16 répartis dans neuf pays européens dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, tous ne sont pas en mesure de les céder instantanément.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué un chiffre de 42 F-16 promis par les alliés occidentaux à Kiev, mais cette information n’a pas été vérifiée. Le Danemark a promis d’en livrer 19. La première ministre danoise, Mette Frederiksen, a déclaré que les six premiers n’arriveraient pas avant la fin de 2023, 8 autres en 2024 et 5 en 2025. Les Pays-Bas, qui ont également promis d’en céder, possèdent 42 unités, mais ils n’ont pas encore indiqué combien ils prévoient de transférer.

Afin d’utiliser les avions de combat américains, les pilotes ukrainiens doivent recevoir une formation spécifique. À cet effet, onze nations qui soutiennent Kiev se sont proposées pour leur formation. Selon l’OTAN, la compétence de ces militaires ukrainiens à opérer ces avions en combat réel n’est prévue qu’au début de 2024, tandis que d’autres experts anticipent l’été de la même année.

Que donnent les alliés de l’Ukraine comme aide militaire?

Au bout de deux ans de conflit majeur, le soutien occidental envers l’Ukraine commence à fléchir : l’assistance récemment promis connait une baisse entre août 2023 et janvier 2024, comparée à la même période de l’année passée, d’après le rapport le plus récent de l’Institut Kiel, publié en février 2024. Cette tendance semble devoir continuer, vu le mal que le Sénat américain a à voter de nouvelles aides, et la difficulté que l’Union Européenne a eu à approuver une aide de 50 milliards le 1er février 2024, entravée par le veto hongrois. Il faut noter que ces deux aides ne sont pas encore incluses dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui s’arrête en janvier 2024.

La recherche de l’institut allemand indique que le nombre de donneurs diminue, et se focalise autour d’un groupe de pays, dont les États-Unis, l’Allemagne, et des pays du nord et de l’est de l’Europe, qui promettent à la fois une aide financière conséquente et des armements de pointe. Depuis février 2022, le total des engagements d’assistance militaire, financière ou humanitaire des pays soutenant Kiev atteint au moins 276 milliards d’euros.

En termes absolus, les nations les plus prospères ont fait preuve de la plus grande générosité. Les États-Unis ont été les plus importants donateurs, promettant plus de 75 milliards d’euros en aide, y compris 46,3 milliards en soutien militaire. Les États membres de l’Union européenne ont promis à la fois des aides bilatérales valant 64,86 milliards d’euros et des aides communes provenant des fonds européens d’une valeur de 93,25 milliards d’euros, soit un total de 158,1 milliards d’euros.

Cependant, le classement varie lorsque l’on compare ces contributions au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur. Les États-Unis tombent à la vingtième place, avec des dons représentant seulement 0,32% de leur PIB, derrière des pays voisins de l’Ukraine et d’anciennes républiques soviétiques alliées. L’Estonie devient le principal donateur en proportion de son PIB, avec 3,55%, suivie par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). Les deux autres places du top 5 sont occupées par la Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%). Les trois pays baltes, limitrophes de la Russie ou de son alliée la Biélorussie, sont parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.

Selon le classement basé sur le pourcentage du PIB, la France se trouve en 27ième place, ayant contribué 0,07% de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09%). L’aide apportée par la France a continuellement diminué depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France était en 24ième position en avril 2023, et en treizième place en été 2022.

Peut-on donner des informations sur les tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Au cours des derniers mois, une tension considérable s’est installée entre l’Ukraine et la Pologne, centrée sur le transfert de grains d’Ukraine. Au printemps 2022, l’Union européenne a créé des « passerelles de solidarité » pour aider à l’exportation et à la vente de produits agricoles ukrainiens sans frais de douane vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Toutefois, le think tank agricole mondial « Fondation Farm » note que depuis le début du conflit, presque la moitié des grains ukrainiens sont transportés ou terminent leur voyage au sein de l’UE. Ces grains ont un prix beaucoup plus bas que le blé produit localement, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

Des pays comme la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie, soutenant que ces grains perturbent leur marché intérieur et, par conséquent, le revenu de leurs agriculteurs, ont bloqué unilatéralement leurs importations en avril 2023. Bruxelles a accepté cette situation, à condition que cela n’entrave pas le transit vers d’autres pays et que l’embargo ne dure que quatre mois. Cependant, Varsovie, jugeant que le problème sous-jacent n’avait pas été résolu, a choisi de ne pas réouvrir sa frontière aux grains ukrainiens à la fin de l’été. Par ailleurs, Bruxelles estimait que l’embargo n’était plus nécessaire, car ses analyses indiquaient qu’il n’y avait plus de déséquilibre sur les marchés nationaux des céréales.

Des agriculteurs en Pologne ont mis en place un blocus à la frontière polono-ukrainienne, empêchant les camions d’Ukraine d’accéder au pays. Ils exigent un « embargo total » sur les marchandises agricoles et alimentaires ukrainiennes, déplorant la hausse de leurs frais de production tandis que leurs silos et entrepôts sont pleins et que les prix descendent. En 2024, le président de l’Ukraine a indiqué que le blocage de la frontière polonaise était un signe d’une « diminution de la solidarité » avec son pays, et a demandé des discussions avec la Pologne. Il a également déclaré que « seul Moscou se félicite » de ces tensions, critiquant « la montée de slogans clairement en faveur de Poutine ».

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