La présidente élue du Mexique, Claudia Sheinbaum, qui assumera ses responsabilités le premier du mois d’octobre, a dévoilé jeudi 20 juin les six premiers noms qui composeront son cabinet. Trois hommes et trois femmes, reflétant une certaine constance avec l’administration en place dirigée par Andres Manuel Lopez Obrador, connu sous le nom de « AMLO », mais avec une empreinte distincte de Mme Sheinbaum.
Elle a maintenu deux premier ministres des affaires étrangères d' »AMLO »: la ministre actuelle Alicia Barcena Ibarra se chargera des questions environnementales, tandis que son prédécesseur, Marcelo Ebrard, gèrera l’économie. Juan Ramon de la Fuente, ancien directeur de l’université nationale autonome du Mexique (UNAM), qui supervise déjà l’équipe de transition, devient le nouveau ministre des affaires étrangères.
Sheinbaum a également marqué son mandat en intégrant des scientifiques dans son équipe et en établissant un ministère des sciences, de l’innovation et des technologies, qui sera dirigé par Rosaura Ruiz Gutierrez, la première femme à présider l’Académie mexicaine des sciences. À l’agriculture, elle a nommé Julio Berdegué, un ingénieur agronome qui s’oppose aux maïs transgéniques. Le Mexique cherche à interdire l’importation d’organismes génétiquement modifiés (OGM) pour la consommation humaine, ce qui a amené les États-Unis à présenter le cas devant le panel de résolution des litiges du traité de libre-échange entre le Canada, l’Amérique et le Mexique. En outre, Ernestina Godoy Ramos, l’ancienne procureure de la ville de Mexico sous le règne de Claudia Sheinbaum, est nommée conseillère juridique à la présidence.
La nouvelle présidente, ayant récolté 59,3% des suffrages lors des élections du 2 juin, n’a pas perdu de temps après sa victoire. Dès le lendemain, elle a dû prendre des mesures pour stabiliser les marchés qui avaient commencé à fléchir à la suite de l’annonce que son parti, Morena, et ses alliés avaient obtenu une majorité qualifiée au Congrès. Les acteurs financiers craignent qu’elle ne tourne à son avantage sa période au pouvoir avant de la quitter le 1er octobre, un mois après l’investiture du Congrès, afin de mettre en place des réformes constitutionnelles.
Concernant l’élection des juges, la présidente Sheinbaum a renforcé ses liens avec le secteur économique et a annoncé qu’elle garderait Rogelio Ramirez de la O, l’actuel ministre des finances, au sein de son prochain gouvernement. Cette continuité, conjuguée à la nomination de M. Ebrard au poste de ministre de l’économie, semble avoir été bénéfique pour la stabilité du peso, qui s’est renforcé le 20 juin. Néanmoins, l’annonce que la présidente compte utiliser la majorité qualifiée obtenue au 1er septembre pour introduire sa réforme de la justice a suscité des inquiétudes. « Elle a présenté vingt réformes constitutionnelles en février, plusieurs d’entre elles sont mal perçues par les marchés, comme l’interdiction de la fracturation hydraulique [pour l’exploitation du gaz de schiste] et du maïs OGM, et bien sûr, celle concernant la justice », déclare l’analyste politique, Viri Rios.
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