Un certain samedi de mai, à l’aube, près de la place de la Madeleine à Paris, Redouane Bougheraba fait une entrée fracassante sur un Vélib’ sans casque. Il tourne brusquement sans prévenir ni jeter un coup d’oeil derrière lui, dépose son vélo, se précipite vers nous en lançant un joyeux « Salut, comment ça va ? ». Pour cet entretien, cet homme fougueux a sélectionné l’un des hôtels les plus sereins de Paris, l’Hôtel de Pourtalès, où il loge régulièrement. Comme il le fait remarquer, cet endroit est souvent fréquenté par des stars américaines de grande renommée comme Leonardo DiCaprio. C’est également là où Kim Kardashian a été attaquée par cinq individus déguisés en policiers, le 3 octobre 2016.
Au jour de notre interview, un profond portrait lui est dédié dans L’Equipe magazine. Il est totalement émerveillé. D’habitude, la presse n’est pas très douce avec lui. Récemment, deux films de ses frères, Ali et Hakim, où il joue, Les Segpa (2022) et Les Segpa au ski (2023), ont été critiqués. Le verdict de Télérama est « affligeant de stupidité » tandis que Le Monde commente qu’il « multiplie les stéréotypes et crée le malaise ».
Les films qui relatent les aventures et les vacances alpines d’un ensemble d’étudiants aux résultats scolaires déplorables de la section d’enseignement général et adapté (Segpa) ont attiré entre 730 000 et 1,4 million de téléspectateurs. Malgré le succès, Redouane Bougheraba reste amer suite aux mauvaises critiques. Il se représente les journalistes et leurs lecteurs comme des statues du Musée Grévin. Toutefois, son attachée de presse lui rappelle que leur point de vue a été entendu et qu’il a tendance à aller au-delà de ce qui est nécessaire.
Grâce à ses sketches humoristiques sur Instagram et TikTok, Bougheraba, un comédien de 46 ans originaire de Marseille, est célèbre parmi les jeunes. Il a particulièrement gagné en notoriété chez les jeunes en participant à la quatrième saison de « LOL: qui rit, sort! », diffusée sur Prime Video en février.
Bougheraba n’est pas connu pour son humour politique ni pour sa critique sociale mais pour son style blagueur bien ciblé. Il se produit seul sur scène, improvisant souvent, et lance des moqueries au premier rang du public tout au long de son spectacle. C’est ce style unique qui attire les gens à ses spectacles. Ils dépensent parfois des centaines d’euros sur le marché noir pour assister à ses spectacles où il se moque franchement, parfois de manière vulgaire, de leur apparence, de leur profession, de leur prénom, de leur calvitie ou de leurs réponses.
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