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Orano: La junte nigérienne prive d’uranium

Depuis plusieurs mois, une éviction était prévue. C’est le jeudi 20 juin que le groupe français Orano (anciennement Areva) l’a officiellement annoncé via un communiqué : le pouvoir militaire au Niger a retiré au groupe français le droit d’exploiter la mine d’uranium d’Imouraren, située dans le nord-est du pays. Cette mine est considérée comme l’une des plus importantes réserves d’uranium au monde.

Depuis le début des années 2000, Orano a investi plus d’un milliard d’euros dans le projet, comme l’a indiqué le groupe au Monde. L’autorisation d’exploitation, attribuée en 2009, avait stipulé que les travaux de production devaient débuter « au plus tard en janvier 2011 », selon une note du ministère nigérien des mines publiée le 11 juin. Toutefois, la conjoncture économique a rapidement conduit à la suspension du projet.

Alors que l’année 2024 semblait plus favorable, avec les prix de l’uranium atteignant des sommets inégalés depuis 2007 sur les marchés de gros, Orano, qui est détenue à 90% par l’État français, a souffert des tensions diplomatiques entre la France et le pouvoir militaire au Niger. Ce dernier a renversé le président Mohamed Bazoum, dernier allié de la France au Sahel, en juillet 2023. Ce dernier et son épouse sont toujours détenus.

Sanctionnée
En fin 2023, le régime militaire a expulsé les soldats français ainsi que l’ambassadeur de France. Il a également adressé à Orano une lettre de mise en demeure le 18 mars, l’exhortant à entamer les travaux à la mine d’Imouraren dans les trois mois, sous peine de perdre son permis.

Au début de mai, le colonel et commissaire Ousmane Abarchi, qui occupe également le poste de ministre des mines, s’est rendu à Imouraren, comme l’indique un rapport ministériel daté du 11 juin. Selon ce même rapport, il a déclaré que les opérations d’exploitation n’ont pas encore commencé. Orano, dans un communiqué du 20 juin, affirme que les installations sont, en fait, opérationnelles depuis le 4 juin.

Ce projet était considéré par le groupe français comme l’un des plus prometteurs. D’après les prédictions faites en fin 2023, avec plus de 34 000 tonnes d’uranium, ce gisement devrait représenter à lui seul 16,5 % de toutes les réserves confirmées d’Orano, exploitables en tenant compte des conditions économiques et techniques actuelles.

Le groupe Orano, présent au Niger depuis les années 1970, envisage de contester cette décision devant les tribunaux pertinents. D’après certaines sources proches du cas, l’avenir des activités du groupe dans le pays semble très incertain, y compris pour la mine en fonctionnement d’Arlit. Cette mine, qui a produit 1 130 tonnes en 2023, correspond à 16 % de la production totale d’Orano, qui a également des opérations au Canada et au Kazakhstan.

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