Le sujet est exigeant et laborieux, lourd à manipuler. Une nouvelle fois, cette année le 16 juin, des diplomates de l’Union Européenne (UE) ont consacré une journée entière à discuter des droits de l’homme avec des représentants de l’un des pays les plus oppressifs au monde : la Chine. L’échange a duré environ dix heures, dans un édifice gouvernemental à Chongqing, dans l’ouest de la Chine, après avoir eu lieu à Bruxelles en 2023.
Cependant, après avoir effectué 39 exercices similaires au cours de trois décennies, l’UE fait face aux reproches de certaines des ONG internationales les plus respectées, qui considèrent ce rituel diplomatique comme vide de sens en l’absence de résultats tangibles. Cinq jours avant la réunion de Chongqing, plusieurs organisations, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont signé une lettre appelant à mettre fin à ce format. « L’hésitation de l’UE à établir un quelconque indicateur de progrès, ou même à fixer des objectifs précis au-delà de la simple tenue d’un dialogue, aggrave l’inefficacité de cet exercice », écrivent les organisations. Depuis au moins sept ans, elles demandent que ces discussions soient conditionnées à des progrès concrets sur des sujets spécifiques.
Ils ont discuté du sort de certains prisonniers.
Lors d’une réunion à Chongqing, Paola Pampaloni, sous-directrice d’Asie-Pacifique du Service d’action extérieure de l’UE, et son équipe de diplomates ont soulevé des questions concernant les infractions aux droits de l’homme au Tibet, au Xinjiang et à Hong Kong. Ils ont discuté de sujets tels que la peine capitale, l’absence d’indépendance judiciaire et de liberté de presse, l’égalité des droits pour les femmes et la communauté LGBT et ont appelé à ne pas interférer avec les pratiques religieuses, y compris la nomination du prochain dalaï-lama. Ils ont également mentionné le cas spécifique de Gui Minhai, un ancien libraire de Hong Kong et citoyen suédois actuellement en prison. Les sujets de conversation incluaient également le sort de certains Ouïghours, des activistes et des écrivains tibétains, des chrétiens persécutés, et des défenseurs des droits Yu Wensheng et Xu Yan, détenus lors de leur visite à la délégation européenne à Pékin.
Shen Bo, directeur du département des organisations internationales du ministère des affaires étrangères chinois, a exprimé ses préoccupations concernant la situation des migrants en Europe, le racisme, la discrimination et les restrictions sur la liberté de protester pour la Palestine. Il semble que la Chine ne porte pas une grande importance aux recommandations occidentales, comme en témoigne le cas de l’activiste Huang Xueqin, qui a tenté de lancer le mouvement #MeToo en Chine et qui a été condamnée à cinq ans de prison en juin.
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