Monsieur Klarsfeld ne doute pas entre le Nouveau Front populaire (NFP) et le Rassemblement national (RN). Sa préférence va au RN, qui semble avoir évolué en profondeur. Et c’est bien là le problème, ne suffit-il pas que le RN cesse simplement de s’affirmer antisémite pour le devenir? Quel genre d’extraordinaire illusionnalisme Mr. Klarsfeld favorise-t-il? Suffit-il, en effet, d’une tactique habile en rhétorique pour effacer le passé et l’idéologie sur lesquels un parti est fondé?
Quelle est la garantie que procure M. Klarsfeld quant à la réalité de cette transformation dans un contexte politique et électoral où il est tactique de faire croire qu’elle est réelle? Doit-on donc envisager généreusement que M. Klarsfeld se rend à un excès de confiance catastrophique, lorsqu’il ne peut négliger de quel passé monumental, dont travail de mémoire, son nom est témoin? A-t-il donc choisi de manière imprudente d’associer ce souvenir à son soutien pour le Rassemblement national ?
Monsieur Klarsfeld a récemment déclaré lors d’une conversation avec le journaliste Darius Rochebin sur LCI que le RN est un parti « pro-juif ». « Le Rassemblement national soutient les juifs, Israël et compte tenu de mon engagement des soixante dernières années, il est tout à fait normal que je choisisse de voter pour un parti pro-juif entre un parti antisémite et un parti pro-juif. »
Un groupe favorable aux Juifs peut être considéré comme le reflet d’un groupe antisémite. Ce groupe a une compréhension bien établie de qui sont les Juifs, comment les identifier et où ils se trouvent. De plus, ils peuvent fournir une définition précise de ce qu’est un Juif. Ces traits essentialistes ont des répercussions tristement connues. Un parti de ce genre n’est pas une nouveauté; cependant, ce qui l’est, c’est le fait qu’ils prétendent ne pas être antisémites.
Effacement de l’histoire
Et Serge Klarsfeld pousse encore plus loin la redéfinition idéologique du RN, en le dépeignant comme un parti « populiste », ce qui pour lui signifie qu’il est « populaire » ou mieux, rempli de « braves gens ». Il prétend que l’histoire a mal interprété ces « braves gens » du Rassemblement national, qui auraient sans aucun doute été parmi ceux qui ont soutenu les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Serge Klarsfeld déclare : « C’est un parti populaire, populiste, on dit. Ce sont de braves gens et les braves gens pendant la guerre, ce sont ceux qui ont aidé les Juifs en France. »
Au lieu de clarifier les choses, Serge Klarsfeld ne fait qu’exacerber la confusion, et renforce l’effacement de l’histoire, qui est un aspect clé de l’agenda idéologique du Rassemblement National.
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