Un arrêt de la Cour de cassation, daté du 29 mai, stipule qu’un DRH aurait dû informer son patron de sa relation amoureuse avec une collègue syndicaliste dans l’entreprise de textile synthétique et de soierie Payen, basée en Ardèche. Cet échec de déclaration a entraîné son licenciement pour « faute grave ». Sur plusieurs années, les négociations se sont déroulées entre les syndicats et la direction sans révéler cette liaison. L’absence de divulgation était considérée comme une faute. La Cour de cassation a confirmé le licenciement du DRH pour « rupture de son devoir de fidélité », peu importe l’existence ou non d’un préjudice pour l’entreprise.
Bien qu’elles ne soient pas la norme, les relations amoureuses sur le lieu de travail sont communes et non sans risques. Le cabinet de conseil en risques psychosociaux Technologia souligne que ces histoires sont souvent discutées à petite échelle, mais ne sont pas bien quantifiées à grande échelle. Il n’y a pas d’estimation sur le nombre de ces relations, cependant, des sondages réguliers de l’IFOP estiment qu’environ 15% des couples se sont formés sur le lieu de travail. Selon Jean-François Amadieu, sociologue et spécialiste des organisations du travail, entre 30% et 50% des employés déclarent avoir eu une liaison sur le lieu de travail. Il note que certains secteurs, comme l’hôtellerie, ont des chiffres records.
D’après une récente enquête titrée « Romance sur le lieu de travail. Amour, sexe et autres histoires » menée conjointement par Technologia et l’Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne d’octobre 2023 à janvier 2024, les personnes engagées dans ces relations sentimentales déclarent que généralement tout se déroule correctement. Néanmoins, elles signalent des « risques majeurs » ou « extrêmement majeurs » de propager des rumeurs (89%), de jaloux et d’attaques personnelles en cas de rupture (88%), d’injustice (82%), de partialité dans les relations professionnelles (81%) et même d’ostracisation (76%). Ces déviances qui impacts négativement la qualité du travail, érode l’autorité des managers et peut, dans certains cas, ternir la réputation de l’entreprise, finissent parfois en litige devant les prud’hommes.
Des conséquences professionnelles sont associées à toutes les phases de cette « belle histoire ». Lorsque le consentement n’est pas présent, les avances non désirées peuvent conduire à des accusations de harcèlement sexuel ou à des comportements sexistes.
Au cours de la relation, celle-ci peut devenir un terreau fertile pour les ragots et peut conduire à favoritisme et un manque d’autorité qui peuvent éventuellement conduire à quitter l’entreprise. Par exemple, le licenciement d’un chef d’équipe de Transdev Île-de-France a été confirmé par la Cour de Cassation suite à l’envoi de SMS inappropriés et pornographiques à une subordonnée pendant leur relation. Cela lui a fait « perdre toute autorité et crédibilité dans l’exercice de sa fonction de direction », note le jugement, précisant que ces comportements liés à la vie de l’entreprise peuvent justifier un licenciement disciplinaire.
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