Depuis toujours, Mélanie Boulanger, 47 ans, est enracinée en politique. Ayant commencé sa carrière en tant que conseillère municipale à 18 ans, elle est devenue plus tard maire (Parti socialiste) de Canteleu, une banlieue de Rouen peuplée de 14 000 habitants en 2014. Quant à Hasbi Colak, 41 ans, il a toujours travaillé dans l’industrie de la restauration. Né à Canteleu de parents immigrés turcs, il a géré le Show Kebab depuis ses 20 ans, situé stratégiquement entre deux quartiers défavorisés de la ville.
Recruté par son a. Colak a toujours été proche des résidents des quartiers pauvres, ayant grandi parmi eux et les servant dans son restaurant. En 2008, il est devenu conseiller municipal puis adjoint au commerce en 2014, renforçant son lien avec les zones difficiles de la ville. Son restaurant s’est peu à peu transformé en une extension de la mairie, lui permettant de servir d’intermédiaire entre Mélanie Boulanger et les citoyens, y compris le groupe Meziani, qui domine le commerce local de drogues depuis de nombreuses années.
Cependant, Mélanie Boulanger et Hasbi Colak, qui ont entretenu une liaison secrète, comparaissent actuellement devant la 13e chambre du tribunal correctionnel de Bobigny pour « complicité » dans le trafic de drogue. La clé de l’affaire est de déterminer si leurs actions ont facilité les opérations des Meziani et de leurs partenaires, ou s’ils ont simplement tenté de préserver la paix sociale à Canteleu.
« Changer les méthodes ».
La mise en accusation de « conspiration en rapport avec le trafic de drogues » pour des personnes impliquées dans la gouvernance du pays est extrêmement déshonorante. Pourtant, la situation a dévoilé une complexité lors des audiences du mardi 18 et mercredi 19 juin, où les deux accusés ont été interrogés. L’ancienne maire, submergée par l’émotion, affirmait son innocence ce mercredi, expliquant qu’elle avait été dénigrée et n’avait plus rien à perdre. Il semblerait que les débats furent en grande partie en sa faveur, réussissant ainsi à éliminer deux des principaux arguments soutenus contre elle pendant l’enquête.
On lui reprochait d’avoir tenté de repousser l’installation d’une caméra de surveillance à un point de vente de drogues après les élections municipales de mars 2020. Cette accusation était basée uniquement sur les témoignages du commissaire de la région. Mélanie Boulanger, sans opposition dans ce scrutin, a expliqué que cette caméra avait été mise en place dès novembre 2019 avant d’être détruite le même jour. Elle était censée être réinstallée en décembre, mais un technicien venu pour cette mission a été agressé par les trafiquants de drogues et envoyé à l’hôpital. Finalement, la caméra a été remise en place en janvier 2020.
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