Dans une vidéo publiée sur la page Facebook de la chaîne télévisée Joliba, Choguel Kokalla Maïga, le Premier ministre du Mali nommé par les militaires, a approuvé un document qui comporte des critiques fortes envers la junte militaire. C’est cette prise de position qui a conduit à l’emprisonnement d’un de ses alliés proches.
Cependant, M. Maïga insiste sur l’importance de soutenir le leader de la junte, le colonel Assimi Goïta. Il condamne également les efforts visant à le mettre en opposition avec l’armée.
Boubacar Traoré, un associé proche de M. Maïga, a été mis en prison le 28 mai, suite à la publication d’une déclaration qui s’oppose fermement à la prolongation du pouvoir militaire pour plusieurs years supplémentaires.
Depuis 2012, le Mali, qui lutte contre le djihadisme, est aux prises avec une crise sérieuse de plusieurs dimensions. Après deux coups d’État en 2020 et 2021, le pays est actuellement sous le contrôle de colonels de l’armée. Maïga a été désigné Premier ministre par les militaires suite au deuxième coup d’État.
Quant au retour du pouvoir aux mains des civils, la date reste incertaine. « Le mémorandum pour lequel [Boubacar Traoré] est en prison, personne ne peut nier qu’il est entièrement vrai », déclare Maïga dans la vidéo enregistrée le mardi. Boubacar Traoré est celui qui a signé la déclaration critique publiée fin mai, venant du groupe M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques) qui a continué à soutenir le Premier ministre.
M. Maïga est perçu comme une figure isolée, ayant une influence limitée sur les militaires. C’est la première fois qu’il s’exprime publiquement sur ce document, dont l’existence a alimenté les rumeurs persistantes sur son éventuel départ. Un autre proche du premier ministre, Abdelkader Maïga, a été condamné en avril à deux ans de prison, dont un an ferme pour diffamation.
Toutefois, le premier ministre maintient son soutien au processus de « transition » destiné à renforcer la sécurité au Mali et à initier des réformes majeures, avant que le pouvoir ne soit remis à des civils élus. Le retour du pouvoir aux civils reste incertain, puisque l’armée a manqué à plusieurs engagements en ce sens.
Choguel Kokalla Maïga souligne qu’il ne faut pas commettre des actes déloyaux envers le président, le colonel Assimi Goïta. Il se révolte contre les tentatives de « manipulation » qui, selon lui, visent à créer des dissensions entre les militaires et le premier ministre, et à le présenter comme le principal opposant à la transition.