Au salon Eurosatory, un événement majeur pour les fabricants d’armes terrestres et aéroterrestres qui a lieu tous les deux ans à Villepinte (Seine-Saint-Denis), l’agitation est palpable parmi les participants. Ceci est en grande partie dû à l’impact de la dissolution de l’Assemblée Nationale. La préoccupation principale concerne le futur de la loi de programmation militaire (LPM), une loi centrale pour la force montante de l’armée dans un contexte international de plus en plus difficile.
De nombreux participants pensent que la loi LPM est en danger, notamment un général expérimenté dans le dialogue politico-militaire. Il n’est pas optimiste sur l’avenir de cette loi, qui prévoit les dépenses militaires de 2024 à 2030. De même, un autre officier supérieur craint qu’au moins deux années d’instabilité nous attendent. Comme beaucoup d’autres, il a passé une grande partie de sa carrière pendant une période de restrictions budgétaires, et il avait mis ses espoirs dans les 413 milliards d’euros garantis par la LPM adoptée en 2023 pour les sept années suivantes. C’est un grand contraste par rapport aux 295 milliards de la précédente LPM.
Malheureusement, la LPM n’est pas contraignante, et elle peut être modifiée chaque année lors des arbitrages budgétaires. Historiquement, les promesses faites dans le cadre de la LPM ont très souvent été revues en raison de la nécessité de faire des économies. François Ecalle, spécialiste des finances publiques, nous rappelle que « rien n’est gravé dans le marbre ». En effet, la LPM n’est qu’indicative, et le parlement n’est pas forcément obligé de la respecter. Il se demande si le nouveau gouvernement cherchera à faire des économies sur la défense.
En résumé, l’avenir de « Char et avion du futur » et la loi LPM sont en jeu.
En effet, depuis son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron s’est félicité d’avoir confirmé le budget « au centime près ». En février, l’armée a évité une annulation de 10 milliards d’euros de fonds par décret. Cependant, même avant la dissolution et la potentielle révision des priorités financières, les discussions d’automne pour l’adoption de la loi de finances 2025 semblaient déjà risquées. De plus, d’importants programmes tels que le « char du futur » (ou MGCS, en langage technique) et l' »avion du futur » (ou SCAF), déjà vulnérables, pourraient subir des coupes budgétaires.
La situation politique préoccupe surtout les industriels les plus impliqués dans le soutien de l’Ukraine, comme KNDS France (anciennement Nexter), fabricant du canon César. Sous la pression du gouvernement, KNDS a doublé ses efforts pour augmenter la production du César. D’une production de deux canons par mois avant le conflit, l’entreprise est passée à six, et devrait produire douze systèmes d’artillerie par mois en 2025. La production de munitions associées a également augmenté. Cela a nécessité l’embauche de plus de 10% de personnel dans les deux sites concernés et une avance de trésorerie d’environ 300 millions d’euros, selon KNDS.
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