Ces documents essentiels ont pour but de faciliter la lutte et l’adaptation de la France face au défi climatique. Leur révélation a été retardée à maintes reprises depuis le début de l’année, dû à des priorités jugées plus pressantes et à une certaine réticence du gouvernement à incarner le changement écologique. À présent, l’avenir de la stratégie nationale pour une économie faible en carbone et du Plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc) est largement imprévisible, lié aux résultats des élections législatives anticipées. Le Monde a obtenu les dernières moutures de ces plans essentiels, qui impactent toutes les facettes de la vie des citoyens français.
Prévu pour être dévoilé au public le 13 juin, le gouvernement devait présenter la troisième édition de la stratégie nationale pour une économie faible en carbone, 142 pages finalisées depuis longtemps. Ce document a pour objectif de démontrer comment la France est en mesure de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50% plutôt que de 40% entre 1990 et 2030, suite à l’augmentation de l’aspiration climatique européenne. Les émissions de carbone devraient donc être réduites d’environ 5% par an entre 2022 et 2030, comparativement à 2% en moyenne de 2017 à 2022. C’est un « effort substantiel », selon le gouvernement, en dépit des bons résultats obtenus en 2023 (− 5,8 %).
Afin d’atteindre ses objectifs, le gouvernement a développé une stratégie détaillée pour chaque secteur. Il envisage dans le domaine des transports, qui est le premier producteur d’émissions, de réduire de 30% l’empreinte carbone entre 2021 et 2030. Bien que les émissions aient stâgné jusqu’à présent, cet objectif représente un défi de taille. Le gouvernement compte largement sur l’augmentation de l’utilisation de voitures électriques (qui devraient représenter deux tiers des ventes de véhicules neufs) et du transport public (+ 25%), ainsi que sur le doublement du transport de marchandises par rail et du réseau de pistes cyclables, afin d’atteindre 100 000 kilomètres d’ici la fin de la décennie.
Concernant l’agriculture, le plan prévoit une réduction de 13% des émissions de carbone. Là encore, les objectifs sont ambitieux : 21% des grandes cultures devront être bio (malgré une tendance à la baisse), un doublement des surfaces cultivées en légumineuses entre 2020 et 2030, et une diminution de la consommation de protéines animales. Les bâtiments, quant à eux, devront diminuer leur émissions de 53% grâce au remplacement de 75% des chaudières à fioul d’ici 2030, à l’installation d’un million de pompes à chaleur d’ici 2027, ainsi qu’à une augmentation des aides pour les grands projets de rénovation, qui concerneront 600 000 maisons et logements par an en 2030.
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