Karim Khan, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), soutient souvent que son bureau ne peut être jugé que par le droit, Dieu ou l’histoire. Le 20 mai, il a sollicité des mandats d’arrêt contre Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, son ministre de la défense et trois dirigeants politiques et militaires du Hamas, un acte qui marquera son bilan, quel que soit son résultat. Lors d’une récente intervention le 14 mai devant le Conseil de sécurité des Nations unies à New York, le Britannique a reconnu la présence de forces puissantes et influentes surnommées « Goliath ». Il présentait le rapport biannuel de l’enquête sur la Libye, lancée quelques mois avant la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, un événement souvent utilisé par les diplomates pour exprimer leurs vues sur la justice internationale et la Cour en particulier.
Ce jour-là, Vassily Nebenzia, l’ambassadeur russe, utilise des mots durs pour critiquer une « institution de marionnettes qui sert clairement les intérêts des pays occidentaux ». Il reproche au procureur de succomber aux intimidations de politiciens américains qui, dans une lettre publique, sont contre l’enquête visant des officiels israéliens. En défiant la critique, Karim Khan riposte que rien ne bloquera les enquêtes de son bureau, y compris les « mandats d’arrêt de la Fédération de Russie » contre lui et d’autres juges en réaction à l’accusation portée contre le président russe, Vladimir Poutine, en mars 2023. À la Cour de La Haye, dès l’automne, on lui a suggéré de « remplacer sa Bentley par une voiture blindée », témoigne un travailleur du tribunal. Outre les pressions russes, Israël a mis la pression ces derniers temps également. Vers le début du mois de mai, alors qu’il prévoit d’accuser Benyamin Netanyahu, Karim Khan met en garde contre toute tentative de faire obstacle à la justice. Des actions qui pourraient valoir jusqu’à cinq ans de prison.
« Une prison pratiquement vide ».
Depuis sa création en 2002, la Cour Internationale pour le traitement des auteur de génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre et d’agression a été la cible d’innombrables tentatives d’influence de la part des différents États. Les procédures menées par la Cour sont extrêmement délicates par nature, ce qui incite les États à vouloir intervenir dans ses enquêtes. Israël, les États-Unis et la Russie, qui ne font pas partie de la CPI, ont notamment eu recours à des menaces brutales. Fondée par un traité adopté en 1998 et ratifié par 124 États, la Cour a rarement démontré une autorité véritable. L’anglais Karim Khan vise à rétablir les normes en vigueur. « Je vous avais prévenus », a-t-il déclaré de manière implicite le 20 mai, en révélant qu’il avait demandé l’émission de mandats d’arrêt contre des responsables israéliens et palestiniens.
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